Chaque jour, une épave : 21 mars 1705, le Lys et le Magnanime

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Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!

Ce 21 mars est l’anniversaire de la perte simultanée de deux navires qui faisaient la fierté de la France de Louis XIV, coulés lors de l’une des innombrables batailles contre nos “meilleurs ennemis”, les Anglais. La bataille navale de Marbella s’est déroulée le 21 mars 1705, au large de Marbella, pendant la guerre de Succession d’Espagne, entre la flotte franco-espagnole, commandée par Jean-Bernard de Pointis et la flotte anglo-néerlandaise, commandée par John Leake. Le 3 août 1704, les alliés anglo-néerlandais prenaient Gibraltar au nom de l’archiduc Charles de Habsbourg. Les Espagnols tentèrent alors de reprendre la ville par la terre, et une première tentative française d’invasion par la mer s’est soldée par un échec lors de la bataille de Vélez-Málaga le 24 août 1704, dans une confusion telle que même aujourd’hui, certains historiens débattent encore pour déterminer qui a eu la supériorité dans la bataille navale.

Le rocher de Gibraltar en 1705

En janvier 1705, le roi Philippe V d’Espagne décida de reconquérir la ville de Gibraltar et donna le commandement de l’armée au maréchal de Tessé. Celui-ci réalisa que Gibraltar ne serait jamais reprise tant que les ennemis y auraient accès par la mer. On connaît suffisamment la valeur de la Marine Royale anglaise. Il ordonna donc à de Pointis, lieutenant général au service de l’Espagne, d’assiéger la place avec une flotte de 18 navires de ligne et d’empêcher tout ravitaillement par la mer.

Le prince Georges de Hesse-Darmstadt, qui commandait Gibraltar, demanda à John Leake, glorieux marin de Sa Majesté, de naviguer à son secours. L’amiral hissa les voiles immédiatement avec cinq vaisseaux de ligne et un corps de troupes. Au matin du 10 mars, il disposait déjà d’une escadre de 23 navires britanniques, 4 navires néerlandais et huit navires portugais de différentes tailles. C’était déjà plus que la flotte franco-espagnole.

Devant cette force supérieure à la sienne, le 17 mars, De Pontis, courageux mais pas téméraire, demanda au maréchal de Tessé la permission de se mettre à l’abri en se repliant sur Toulon. Mais il reçut l’ordre de rester dans la baie et de tenir. En ce mois de mars, la météo n’était pas clémente, sur le siège Gibraltar les assaillants ne pouvaient rien tenter. Du 18 au 20 mars, dans la baie de Gibraltar, la flotte française fut malmenée par une violente tempête. Plusieurs navires filèrent sur leurs ancres et se trouvèrent dispersés, De Pontis ne disposait plus que de cinq bâtiments en ordre de combat dans la baie.

Au matin du 21 mars 1705, l’escadre anglo-néerlandaise se présenta devant la baie est tenta d’y enfermer les navires français. Coupant leurs amarres, ceux-ci parvinrent à s’échapper. Mais les alliés avaient le vent en poupe et eurent vite fait de rattraper les lourds vaisseaux français, près du cap d’Europe. Trois d’entre eux furent pris, deux autres s’échouèrent et furent incendiés par leurs équipages, avant de sombrer devant Marbella. Il s’agissait des vaisseaux de ligne de 1ère classe Lys et Magnanime, deux des plus grosses unités françaises.

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À la suite de cette catastrophe, le maréchal de Tessé retira une grande partie de ses troupes le 31 mars et transforma le siège en blocus chargé d’intercepter les entrées et sorties de bateaux. Une manière détournée de se retirer sans en avoir l’air…

Le bilan de la bataille de Marbella était sans appel : vaincu, Pointis quitta le service et mourut le 24 avril 1707, à l’âge de 62 ans, dans sa maison de campagne de Champigny. Côté anglais, John Leake a non seulement remporté une victoire remarquable, mais a sauvé Gibraltar.

Les vaisseaux de ligne de 1ère classe, les plus importants de la flotte, se distinguaient par leurs 3 étages de canons
Plan d’un vaisseau de ligne de 1ère classe

Le Lys était un vaisseau de ligne de 1ère classe, construit en 1691 pour la Marine Royale française. Il était armé de 88 canons répartis sur trois ponts et portait un gréement de trois mâts carrés. Le vaisseau de ligne de 1ère classe Magnanime avait été construit quant à lui en 1673 pour la Marine Royale française. Il était armé de 80 canons répartis sur trois ponts et naviguait sous un gréement de trois mâts carrés, très semblable à son compagnon d’infortune, le Lys.

Les restes des deux navires qui furent en leur temps le fleuron de la Marine française, dorment encore à l’ouest de Marbella en Espagne, aux coordonnées approximatives : latitude 36° 28’ 165 N et longitude 4° 59’ 081 W. Les plongeurs locaux gardent jalousement le secret de l’emplacement précis des deux épaves. Elles se trouvent devant la plage de San Pedro Alcantara, par 10 mètres de fond. Il n’est pas rare d’y trouver des objets ayant appartenu à l’un ou l’autre des deux navires perdus.

 

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