Chaque jour, une épave : 7 juillet 1892, le paquebot Maréchal Canrobert coulait à Marseille

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Découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi régulièrement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire !

Le 7 juillet 1892, eut lieu dans la baie de Marseille, près de l’îlot du Planier, une collision entre deux gros navires : le cuirassé Hoche et le paquebot Maréchal Canrobert. Celui-ci ne put résister à la puissance de la forteresse flottante et sombra. Ce naufrage est tombé dans l’oubli et ce n’est qu’en 2011 que des plongeurs ont réussi à poser leurs palmes sur cette épave inédite, par 110 mètres de fond.

Le Maréchal Canrobert était le 6e navire d’une série de 8 construits pour le compte de la compagnie corse Valéry, de Bastia. Ses sister-ships avaient pour nom Afrique, Ajaccio, Corse, Bastia, Immaculée Conception, Mohamed Es Sadock et lou Cettori. Construit, comme les autres navires de la série, en 1872 par les chantiersScott Shipbuilding & engineering de Greenock en Grande Bretagne, sa coque en acier mesurait 75 mètres de long pour 9 mètres de large et 7 mètres de tirant d’eau. Il jaugeait 1211 tonnes et était propulsé par une machine à vapeur de 2 cylindres Compound de 1050 cv qui lui donnait une vitesse de 15,5 nœuds.

Mis en service en 1873 sur les lignes d’Afrique du Nord, le Maréchal Canrobert a été transféré à la Compagnie Générale Transatlantique en décembre 1880, tout en gardant son nom de baptême. En 1882, reçut de nouvelles chaudières au cours de travaux de modernisation commandités par son nouveau propriétaire. En 1891-92, il subit de nouveau une refonte complète et sa machinerie fut de nouveau remplacée.

Le 7 juillet 1892 à 6h30 du matin, au terme d’une traversée entre Bône en Algérie et Marseille, le Maréchal Canrobert fut abordé près de l’île du Planier par le cuirassé Hoche alors qu’il manœuvrait en escadre au large de Marseille.

Les coupures de la presse de l’époque nous donnent les détails de la catastrophe : l’escadre de la Marine Nationale faisait dans la rade des essais de vitesse lorsque, vers six heures et demie, se trouvant à vingt milles au sud de l’île Maire, elle se trouva en ligne de front sur la route perpendiculaire à celle suivie par le paquebot Maréchal Canrobert, allant de Bône à Marseille avec 112 passagers.

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Le Maréchal-Canrobert, dissimulé par la fumée intense des navires de l’escadre que le vent chassait vers lui, ne fut aperçu manœuvrant dans ce sens qu’à une faible distance du cuirassé Hoche. Le commandant du Maréchal-Canrobert voyant le Hoche à bâbord se conforma au règlement maritime international et continua sa route.

Un passager affirme qu’à ce moment, une certaine hésitation se manifesta dans la manœuvre du Hoche, qu’un coup de barre malencontreux aurait précipité sur le navire de commerce. Quoiqu’il en soit, le Maréchal-Canrobert fut abordé par le Hoche à la hauteur des troisièmes classes à bâbord.

Le choc épouvantable poussa le Canrobert et les deux navires se retrouvèrent côte à côte. A ce moment tous les passagers dormaient. La secousse formidable qui ébranla le navire, réveilla presque tout le monde. Un des passagers des premières qui s’était étendu tout habillé sur sa couchette, monta sur le pont pour s’informer de ce qui se passait. D’un coup d’œil il se rendit compte de la situation ; il redescendit aussitôt dans le compartiment des premières pour avertir sa femme et sa fille et cria aux autres passagers : « Montez vite ! Nous coulons ! » On imagine aisément la panique qui se produisit alors. Les cabines furent évacuées en quelques secondes et la montée sur le pont se fit au milieu des cris de détresse. Tout le monde était en tenue de nuit et personne n’avait seulement tenté de sauver ses biens.

Entre le réveil des passagers par l’abordage et leur arrivée sur le pont, quelques dizaines de secondes à peine s’étaient écoulées, et déjà une partie de l’avant du navire disparaissait sous les flots. Les secours furent aussitôt organisés de part et d’autre.

Le Maréchal-Canrobert fut amarré solidement au cuirassé et les passagers immédiatement transbordés. Les deux commandants ordonnèrent des recherches à bord, et ce ne fut qu’après s’être assurés qu’il n’y avait plus sur le navire un seul être vivant, qu’on a coupé les amarres qui retenaient le Maréchal-Canrobert. Le paquebot éventré par l’éperon du cuirassé, coula aussitôt. A peine douze minutes s’étaient écoulées depuis l’abordage.

Sur le pont du Hoche on fit procéder à l’appel des passagers et de l’équipage du navire naufragé. L’absence de cinq passagers fut constatée. Les 5 victimes du naufrage étaient 2 militaires et 3 enfants. Les 107 autres passagers ont été sauvés.

Il fallut attendre 2008 pour que le site soit repéré par le mini sous-marin Remora de la COMEX, piloté par Henri Germain Delauze, aux coordonnées : latitude 43° 06’ 096 N et longitude 5° 06’ 950 E. Mais c’est en mai 2011 qu’une équipe de plongeurs profonds, composée de Florent Michel Locatelli, Jérôme Espla, Romain Lhoste et Thierry Desmet, ont réussi à plonger sur l’épave qui gît par 110 mètres de fond, à l’aide d’appareils recycleurs. Elle a été ensuite visitée par d’autres équipes de plongeurs profonds.

Lien vers vidéo Youtube de Deep CCR Tartiflette Team :

2 COMMENTS

  1. Merci pour cette découverte Cet incident m’a été relatée mille fois lors de veillées autour de la cheminée ,.
    Ma grand-mère était sur ce bateau avec ses parents et sa sœur lors de son naufrage. Comme la plupart des passagers elle fut sauvée par la rapidité des secours. Ma grand-mère nous racontait que ce bateau lors de son éperonnage s’était ouvert comme une coquille de noix. Je crois que ce qu’il a le plus marqué était le réveil brutal occasionné par le bruit lors de l’impact.

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