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Par Paul Poivert – Photos Pierre Frolla

Pierre Frolla ne se contente pas d’être l’un des plus grands champions d’apnée, il participe aussi très activement au développement des activités nautiques et subaquatiques à destination des jeunes, depuis sa base monégasque.

Pierre Frolla est l’un des sportifs les plus actifs dans la promotion des activités subaquatiques. Multiple recordman du monde en immersion libre et en apnée à poids variable, il s’est écarté de la compétition pour se consacrer à l’enseignement de la plongée sous toutes ses formes, ainsi que pour agir dans des actions de sensibilisation à la compréhension et à la protection de l’environnement. Son école de plongée à Monaco, l’Ecole Bleue, organise des stage d’apnée pour les ados à pertir de 13 ans et pour les adultes. Il ne s’occupe pas d’entraînement des athlètes, il a préféré développer une approche ludique et pédagogique de la plongée. Il a créé, avec le soutien des autorités monégasques, une spécialité de sauvetage aquatique : le Centre de Sauvetage Aquatique de Monaco.

Mais Pierre Frolla ne s’arrête pas là : moniteur de plongée en bouteille, il a pris le poste de Coordinateur des Activités Subaquatiques de Monaco (l’équivalent du Directeur Technique National à la Fédération française) et gère les relations avec les autres fédérations. Toutes les activités subaquatiques l’intéressent et il pratique aussi bien l’apnée que la plongée tech…

Et, comme dit une certaine pub à la télé, ce n’est pas tout… Pierre milite aussi pour l’immersion d’épaves et il a réussi à mettre un projet à exécution récemment à Monaco. En 2007, il avait déjà formé le projet d’immersion d’une épave, soutenu par le Prince de Monaco. Mais il n’avait pas pu concrétiser son rêve à cause d’un nouveau traité européen interdisant désormais l’immersion d’épaves dans la zone littorale.

Qu’à cela ne tienne, il a eu une idée géniale : En 2012, il a trouvé une épave qui gisait dans une zone peu fréquentée et il a réussi à décider les autorités monégasques à déplacer cette épave pour la déposer dans la réserve, par 30m de fond au pied du Musée Océanographique. Pas d’immersion, puisque le bateau était déjà au fond, donc pas de problème avec la législation !

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Depuis, Pierre a organisé des opérations de bouturage de gorgones pour habiller l’épave et en faire une excellent site de plongée. «Dès que j’ai une idée, je mène le projet comme si c’était l’organisation d’une tentative de record», dit Pierre, dans un rire communicatif. Son immense avantage, c’est que les instances monégasques sont facilement abordables et très favorables au développement des activités nautiques et subaquatiques, à commencer par le Prince Albert II lui-même qui est un passionné de la mer et de la plongée. « Cela permet de traiter les projets rapidement ; surtout sur la protection de l’environnement, l’enseignement, le sport» ajoute Pierre.

Cette ouverture des instances a permis au champion de mettre en place des projets cinématographiques avec les enfants, notamment le projet Okeanos. L’idée : plutôt que d’être le sempiternel ambassadeur de toutes les bonnes causes, Pierre préfère se mettre en retrait et confier ce rôle… aux enfants !

Parmi les opérations mises en place précédemment, un séjour de 10 jours à Sataya, en mer Rouge, pour aller nager avec les dauphins sauvages ; au retour, ce sont les enfants qui ont eu pour mission de faires des conférences dans les écoles. Ainsi, avec leurs mots et leurs émotions, ils ont suscité plus facilement  leurs compagnons d’école.

Un deuxième projet emmena ces mêmes enfants à la Réunion voir les baleines, puis en Tanzanie pour découvrir les requins. Pour Pierre, l’intérêt des enfants lors de ces voyages est communicatif à l’ensemble des écoles et permet de développer l’intérêt général en faveur le l’environnement sous-marin. Car cette «éducation» restera ensuite ancré chez les adultes que vont devenir ces enfants «ambassaseurs des Mériens», comme il se plait à les appeler.

Opération Poseidon

Pierre Frolla en compagnie de Jérôme Espla lors d’un tournage

Parmi les nombreux projets de Pierre Frolla, un lui tient particulièrement à cœur : la création d’une série télévisée de 30 épisodes, qui s’étale sur trois saisons (10 épisodes de 26 minutes par saison). C’est l’histoire (un peu autobiographique) d’un plongeur apnéiste en fin de carrière qui entreprend un «retour aux sources»… Un peu genre «Nouveaux explorateurs qui plongent». Nous n’en dévoilerons pas plus pour le moment, laissons l’intérêt de la surprise. Sachez juste qu’il y sera question d’apnée comme de plongée bouteille ou de recycleur, d’aventure, d’exploration, et de beaucoup de relations humaines…

Parmi les projets les plus médiatisés, Pierre a mis en place l’opération Poséidon : des records qui sont utiles ! Là, c’est son côté humaniste qui parle, car il s’investit beaucoup dans la relation aux autres.

L’opération Poséidon a lieu lors des Grands Prix automobiles de formule 1 de Monaco, qui draînent beaucoup de monde et où l’argent coule à flot… Pierre a eu l’idée de lier la plongée et l’environnement sous-marin au fameux Grand Prix. Il fallait oser ! Pierre et les organisateurs du Grand Prix de Monaco 2011 ont décidé de se servir du drapeau à damier afin de récolter des fonds pour l’organisation caritative. Tous les pilotes de Formule 1 signent le drapeau lors de la première journée d’essais libres. Il est ensuite envoyé par soixante mètres de fond dans les eaux bordant la Principauté, puis remonté par Pierre Frolla et utilisé pour lancer le début du Grand Prix. Le drapeau, ainsi que tout l’équipement utilisé par Pierre pour aller le chercher, sont ensuite vendus aux enchères en présence du prince Albert II de Monaco. Lors des précédentes opérations, l’argent a servi ensuite pour la construction d’un hôpital à Madagascar, de puits en Afrique, etc..

Opération Poséidon parrainée par le Prince Albert de Monaco (photo Christophe Mérat / realis)

«Un champion doit être centré à 100% sur lui même, déclare Pierre Frolla. Il faut ensuite pouvoir transformer cela en quelque chose d’utile. Certains, comme Pelizzari, sont restés exclusivement sur l’apnée. Moi, je suis curieux. Il y a tellement à apprendre des autres et j’en tire toute satisfaction».

Une vie après la compétition

Petit à petit, les apnéistes s’échappent de cette idée de compétition, aidés par la démocratisation de l’image de l’apnée.

C’est une véritable plaidoirie pour montrer que l’apnée n’est pas uniquement faite de records. Avec le recul, on acquiert une vision plus artistique, plus romantique, une autre façon de voir les choses et de les partager, tout en restant au «top niveau».

«Ce n’est pas tellement une nouvelle tendance, dit Pierre, mais  plutôt une évolution des apnéistes qui accumulent une certaine expérience. Les jeunes, eux ont encore l’esprit record. Plonger, c’est le rêve d’Icare, on vole sous l’eau. c’est ce que montre le dernier court-métrage de Guillaume Néry, Ocean Gravity (visible sur Youtube – NDLR), par le positionnement de la caméra, on a l’impression qu’il plane en orbite au-dessus de la lune…»

Pierre FROLLA, à -80m (photo: JM MILLE)

«Je prenais énormément de plaisir à la compétition, raconte Pierre. Tout était fait dans le but de gagner. J’avais une équipe fabuleuse, nous avons vécu des moments fabuleux.

Mais il me manquait quelque chose, peu à peu la recordite perdait de sa saveur. Plus j’allais profond, plus je battais des records, plus je m’éloignais de ce qui m’attachait à la mer. Et puis, je me suis rendu compte que ce que je préférais par dessus tout, c’était l’enseignement. Plus j’avançais dans ma carrière, plus j’ajoutais des modules d’enseignement. Et plus je courrais après les records, plus je passais à côté d’autres belles choses.»

Pierre bat son dernier record en 2004. En 2005, il opère une première retraite. Il s’entraînait alors avec Loïc Leferme, recordman mondial en No-Limit. En 2007, la tragique disparition de Loïc Leferme l’a incité à prendre la décision de s’orienter résolument vers l’enseignement et vers le partage de sa passion pour la mer.

Un planning de champion

Tous les jours, Pierre Frolla commence par un entraînement à 6H du matin (les bonnes vieilles habitudes de la préparation sportive de haut niveau), puis passe à la phase enseignement. Son entraînement n’a plus pour objectif le record, mais d’être en mesure d’atteindre une site particulier (épave, tombant…)

L’Ecole Bleue que dirige Pierre et son dernier-né, le Centre de Sauvetage Aquatique, sont côte à côtesur la plageau sein de la réserve monégasque. Des spécialistes de toutes les disciplines se retrouvent là, moniteurs de plongée, apnéistes, natation, secouristes…

Grâce à ses records mondiaux, Pierre a obtenu le statut d’athlète de haut niveau à Monaco, ce qui lui a ouvert les portes de son poste de Coordinateur des Activités Subaquatiques de Monaco. Le Prince de Monaco est très investi dans la plongée et la protection de l’environnement. C’est pourquoi il a créé ce poste de coordinateur. La principauté ne participe pas financièrement, mais ouvre les portes pour faciliter la réalisation de projets.

En 2004, Pierre Frolla bat le record du monde dans la catégorie poids variable AIDA en descendant à 123m en présence de son plus fidèle supporter, le Prince Albert de Monaco

Outre ses fonctions d’enseignement et de coordination, Pierre Frolla est investi d’une mission très particulière : il organise toutes les plongées du couple princier, car les deux souverains sont aussi passionnés de plongée l’un que l’autre. Et, raconte Pierre, ce sont vraiment des passionnés ! Le Prince est capable de passer une grande partie d’une plongée à observer un hippocampe ou un nudibranche…

Pierre articule donc toutes les missions liées aux préoccupations du prince (surtout sur la plan sportif) et de la princesse (plutôt sur le plan de la sécurité et de la prévention). On peut dire qu’il y a pire, comme métier !…

http://www.ecolebleue-monaco.com

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