Chaque jour, une épave : 17 avril 1887, Le paquebot Tasmania et le trésor du Maharadja

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Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!

Le Tasmania était un paquebot mixte à vapeur anglais de 4 488 tonnes brutes. Il a été construit en 1884 par les chantiers Caird & Company de Greenock en Grande Bretagne pour la compagnie Peninsular and Oriental Steam Navigation Co, de Londres. Le steamer en acier mesurait 122 mètres de long sur 14 mètres de large pour 9 mètres de tirant d’eau. Il était propulsé par un moteur à vapeur à deux cylindres inversés de 4000 chevaux qui faisait tourner une seule hélice à une vitesse 14,5 nœuds. Il possédait en outre un gréement de trois mâts goélette (voiles auriques et hunier dans la misaine). Il assurait pour sa compagnie, la ligne de prestige entre la Grande Bretagne et les Indes, alors colonie anglaise dont les richesses alimentaient la Couronne britannique.

Le Tasmania à son lancement en 1884

Pour son ultime voyage, le Tasmania avait quitté Bombay le 1er avril 1887, en direction de Londres, via Marseille, en France, avec 144 passagers, le courrier des Indes et une cargaison générale. L’équipage était constitué de 161 marins, dont 55 étaient européens et 106 indigènes (orientaux et africains). Parmi les passagers, on comptait des officiels indiens invités par la Couronne britannique pour les fêtes du jubilé de la reine Victoria. Ceux-ci n’étaient pas venus les mains vides et transportaient de nombreux cadeaux de grande valeur, or, ivoire, joaillerie, produits de luxe offerts par le Maharadja de Jodhpur à Sa Gracieuse Majesté…

Dans la nuit du 16 au 17 avril 1887, le Tasmania avançait à toute allure, à une vitesse de croisière 13 nœuds, malgré le temps sombre et menaçant. Le vent soufflait du sud-ouest avec une mer bien formée. Vers 4 heures le matin du 17 avril 1887, des brisants ont été signalés par l’homme de veille à l’avant, et presque immédiatement après, le navire a heurté, d’abord légèrement, puis plus fortement, les Roches de Moines, près de Bonifacio en Corse du Sud. L’ordre fut alors donné d’arrêter les moteurs et dans les minutes qui suivirent, le capitaine, qui était alors monté sur le pont, fit faire machine arrière et envoya des hommes de l’équipage pour constater les dégâts dans les cales. Le résultat des investigations n’était pas très rassurant : voyant que le Tasmania faisait de l’eau dans de nombreux compartiments et que le paquebot coulerait certainement s’il se dégageait des rochers, les machines furent stoppées et l’ordre fut donné d’évacuer le navire.

Trois des quatre canots de sauvetage du côté bâbord furent écrasés entre le navire et les rochers dès leur descente à l’eau ; un seul, le quatrième, a réussi à flotter. Des quatre embarcations à tribord, la plus arrière s’est aussi brisée, mais les trois premières ont pu être descendues dans de bonnes conditions et on réussit à embarquer toutes les femmes et les enfants, sauf deux dames qui préféraient rester à bord avec leurs maris. Les canots purent s’éloigner du paquebot en détresse en luttant contre les fortes vagues, pour gagner la côte la plus proche, mais un retour vers le paquebot pour venir chercher ceux qui y étaient restés était exclu tant que la mer serait aussi forte.

Une longue attente commença pour les naufragés qui devaient attendre une accalmie pour voir revenir les canots de sauvetage. L’attente se prolongea toute la journée du 17 avril, dans des conditions particulièrement difficiles. Dans la nuit du 17 au 18, la mer continuait à se ruer sur le navire et tous les passagers encore présents, principalement des hommes (ainsi que les deux épouses restées avec leurs maris) s’étaient réfugiés dans le fumoir, le dernier endroit encore à peu près sûr, bien que celui-ci soit constamment inondé d’eau, les fenêtres du côté bâbord ayant été brisées.

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A la lumière du lever du jour, on constata que beaucoup de marins indigènes étaient morts soit sur les ponts, soit dans les entreponts. Les survivants avaient grimpé dans les gréements pour ne pas être emportés par les lames. Le capitaine eut alors la mauvaise idée d’aller chercher ses papiers dans sa cabine, mais il n’en revint pas, s’étant vraisemblablement noyé dans les coursives inondées. Deux de ses officiers, qui ont tenté de le lui venir en aide, sont morts noyés eux aussi.

Le 18 avril, profitant d’une accalmie, un des canots de sauvetage du Tasmania revint sur les lieux du naufrage, le vent et la mer ayant alors considérablement diminué. Peu de temps après, le navire à vapeur le Norseman arriva, suivi par un autre vapeur français, le Persévérant. Le canot put servir de navette entre le paquebot échoué et les navires sauveteurs et réussit à transporter les passagers de l’épave vers les bateaux à vapeur. Après avoir récupéré les derniers survivants, les deux vapeurs les ont ramenés à Ajaccio où des soins leurs ont été prodigués.

Le naufrage aura coûté la vie du capitaine, de son cinquième officier, d’un quartier-maître et de 32 indigènes, formant un bilan total de 35 morts. Les 144 passagers, eux ont tous survécu mais ont perdu leurs biens. Quant aux six coffres qu’apportait le représentant du Maharadja, ils furent envoyés par le fond en même temps que sombra le Tasmania et furent dispersés lorsque l’épave se disloqua. Quelques-uns de ces trésors furent néanmoins retrouvés par des plongeurs quelques semaines après le naufrage. D’autres objets, meubles, panneaux gravés du Tasmania, échoués sur les plages, furent récupérés par les habitants des environs, comme cette histoire d’une sacoche contenant des documents, découverte dans la poche d’un gilet de sauvetage : l’homme qui a fait cette découverte, ne sachant pas lire, apporta les papiers au notable local qui le récompensa en lui offrant un logement à Campomoro en échange de sa discrétion. Pourquoi tant de générosité pour une liasse de papiers ? Parce qu’il est fort possible que ces documents étaient en fait un paquet de bons au porteur, représentant une véritable fortune à l’époque. Quant au reste du trésor du Maharadja, il dort encore, dispersé entre les rochers du récif des Moines, dans 20 mètres d’eau, aux coordonnées : latitude 41° 26′ 854 N et longitude 8° 53′ 939 E.

Lien vers le très beau film de Philippe Scanff sur l’histoire du Tasmania et son trésor :

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