Chaque jour, une épave : 10 février 1945, le Steuben

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Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!

L’épave de ce jour est un peu particulière car, bien qu’étant difficilement accessible dans la mer Baltique (quoiqu’à une profondeur allant de 50 à 80 mètres), elle compte parmi les 10 plus grandes catastrophes maritimes de l’Histoire et a connu exactement le même sort que son confrère, le paquebot Wilhelm Gustloff, torpillé 11 jours plus tôt au même endroit et dans les mêmes circonstances, par le même sous-marin russe, le S-13, naufrage qui avait fait près de 10 000 morts…

Le Steuben est né en 1922 sous le nom de München II, dans les chantiers Vulcan A.G. de Hambourg, en Allemagne. Ce paquebot de 14660 tonnes, long de 160 mètres, large de 20 mètres pour un tirant d’eau de 13 mètres, était motorisé de deux machines à vapeur à triple expansion à turbines de 1622 cv, qui faisaient tourner deux hélices pour atteindre la vitesse de 16,3 nœuds. Le propriétaire de ce navire était la compagnie allemande Norddeutscher Lloyd, de Bremen. En 1931, la compagnie décida de débaptiser le München II, qui allait prendre le nom de General Von Steuben, jusqu’en 1938 où le nom fut simplifié pour devenir finalement le Steuben, toujours au service de la même compagnie, jusqu’au début de l’année 1945, où il allait connaître le même sort que son confrère, le paquebot Wilhelm Gustloff…

Le 9 février 1945, le Steuben, transformé en transport de troupes, appareillait de Pillau pour Kiel avec à son bord plus de 4200 personnes, le chiffre exact n’étant pas, comme pour le Wilhelm Gustloff, coulé 11 jours plus tôt, connu avec précision. On y trouvait un gros contingent de soldats grièvement blessés, 2800, dont 1600 alités ne pouvant se déplacer seuls, 100 militaires retournant au pays pour des raisons de service, du personnel médical et des auxiliaires de la Kriegsmarine au nombre de 270, 12 infirmières civiles de la Croix rouge, 64 servants des pièces de Flak et un équipage hétéroclite comprenant 61 marins d’état et 160 de la marine marchande. Bien entendu ont aussi embarqué des réfugiés, en nombre inconnu mais tournant autour de 800 à 1000 personnes. Ce qui fait un total d’environ 4200 à 4400 personnes.

Le Steuben prit la même route que feu le Wilhelm Gustloff, escorté par le torpilleur T 196 naviguant en tête et deux autres bateaux à peu de distance sur son arrière, un de chaque côté. Le T 196, commandé par l’Oberleutnant zur See Karl Hartig, transportait également des réfugiés, environ deux cent. Tirant expérience de la perte du Wilhelm Gustloff, le commandant du Steuben joua sur la vitesse de son navire pour augmenter la sécurité, navigant presque à la vitesse maximale, soit 16 nœuds. Afin d’éviter un abordage, le T 196 naviguait avec des feux allumés, le Steuben également mais occultés afin d‘en diminuer la luminosité, alors que les deux escorteurs arrières allaient tous feux éteints. Cette mesure absurde s’avéra désastreuse car croisait dans la zone le sous-marin S-13, qui était déjà à l’origine du naufrage du Wilhelm Gustloff quelques jours plus tôt, pour les mêmes raisons… En effet, à 22h15 les veilleurs du submersible soviétique aperçurent sur l’avant tribord des lueurs sur la mer. L’opérateur aux hydrophones perçut également quelques temps après la présence de plusieurs bateaux faisant route à bonne vitesse. Le S-13 repartit immédiatement en chasse. Le convoi semblait faire route presque perpendiculairement à celle du sous-marin.

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Le S-13 du commandant Marinesko

Le 10 février 1945 à 2h49, le commandant Marinesko pointait le nez du S-13 vers le Nord et réduisait la vitesse à 12 nœuds. Une minute plus tard deux torpilles giclaient des tubes arrières et se dirigèrent vers le Steuben, à 2200 mètres de distance. A 02h52 deux déflagrations annonçaient aux sous-mariniers qu’ils avaient atteint leur but et dix minutes plus tard furent entendues trois fortes explosions suivies d’une grande lueur. Les escorteurs avaient allumé leurs projecteurs et fouillaient la mer alors que des fusées de signalisation illuminaient la nuit. Car à l’endroit où agonisait le Steuben, se jouait un drame identique à celui vécu sur le Wilhelm Gustloff quelques jours auparavant. Les mêmes scènes atroces eurent lieu. Le sort des blessés alités était scellé d’avance, les entrailles du Steuben leurs servirent de tombe. Pour les autres ayant réussi à gagner l’extérieur, la fin était seulement retardée, mais proche tout de même. L’avant s’enfonçant très rapidement, beaucoup se dirigèrent vers la poupe, espérant échapper le plus longtemps possible au bain fatal dans l’eau glacée de la Baltique. Hélas, le Steuben à l’agonie se retourna soudainement, précipitant tout le monde à l’eau et en entraînant des centaines avec lui au fond. Il a fallu moins d’une vingtaine de minutes pour voir disparaître l’ancien paquebot et plus de 3600 malheureux. La nouvelle du désastre courut sur les ondes et les secours s’organisèrent, mais seulement 659 survivants auront la chance de revoir la terre ferme.

Le Steuben au sonar. On voit bien les dégâts de la torpille

Soixante ans plus tard, en mai 2004, l’épave du Steuben a été retrouvé par une latitude de 55° 13’ 42 N et une longitude de 16° 40’ 82 E, couché sur le flanc et des restes humains, des crânes et des os ont été trouvés éparpillés tout autour de l’épave. Le site a été retrouvé et identifié par le navire hydrographique polonais ORP Arctowski. Des images et des graphiques apparaissent dans un article paru en 2005 dans National Geographic. L’épave se trouve couchée sur bâbord à environ 70 m de profondeur et la coque remonte jusqu’à 50 m de profondeur. Le navire est en grande partie intact et a obtenu le statut de tombe de guerre en égard à ses nombreuses victimes.

Plongée sur l’épave du Steuben – Photo Jakob Selbing

Retrouvez le dossier complet téléchargeable gratuitement sur le Wilhelm Gustloff et le Steuben, sur notre page de téléchargement : 

https://www.plongee-infos.com/?p=234

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