Chaque jour, une épave : 8 juin 1912, le sous-marin Vendémiaire près de Cherbourg

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Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!

Le Vendémiaire était un sous-marin de haute-mer français du début du XXe siècle, construit en 1907 à l’arsenal de Cherbourg de la Marine Nationale. C’était un submersible à vapeur de la classe Pluviôse, de 51 mètres de long su 5 mètres de large et 3 mètres de tirant d’eau, manœuvré par un équipage de 24 marins (dont 2 officiers).

Le Vendémiaire était un sous-marin de la classe Pluviôse

Son déplacement en plongée était de 550 tonnes et il était propulsé à 12 nœuds par 2 machines à vapeur de 720 cv en surface et de 2 moteurs électriques en plongée. Il était armé de 7 torpilles de 457 mm. Il a été lancé officiellement le 7 juillet 1910.

La carrière du Vendémiaire fut très courte puisqu’il a sombré à peine 2 ans après, le 8 juin 1912, suite à une collision avec la cuirassé Saint-Louis.

L’équipage du Vendémiaire 2 mois avant son naufrage

En ce début de juin 1912, l’Armée française procédait à des Grandes Manœuvres. Pour ce qui concernait la Marine, l’escadrille des sous-marins de Cherbourg avait pour mission des navires venant de Brest en simulant une attaque. Le Vendémiaire était accompagné pour cette mission, des sous-marins Fructidor, Watt, Berthelot et Giffard. Les submersibles se trouvaient en embuscade le long des côtes du Cotentin, au niveau de La Hague, en immersion périscopique, prêts à réagir à l’approche des navires de surface.

L’aube pointait à peine quand l’escadre apparut à l’horizon, couronnée d’un épais panache de fumée. Le vendémiaire, sous les ordres du Lieutenant de Vaisseau Prioul, se trouvait sur son secteur dans le raz Blanchard.

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Vers 6h, quand il se trouva à bonne distance, le Vendémiaire lança une torpille à blanc en direction du cuirassé Saint-Louis, qui menait l’escadre. Puis le submersible fit mouvement, toujours en immersion périscopique, juste sous la surface, pour observer le résultat de son (faux) torpillage et se positionner pour un nouveau lancement.

Erreur de cap ou d’appréciation du mouvement adverse ? Ou bien, comme il fut avancé par la commission d’enquête, visibilité trop restreinte du périscope, qui n’aurait pas permis d’évaluer la situation ? Toujours est-il qu’au moment où le Vendémiaire faisait surface, prêt à envoyer une torpille dans ce qui aurait dû être le travers du Saint-Louis, il se trouva nez-à-nez avec lui, l’étrave de l’énorme cuirassé précédée d’un solide éperon fonçant directement sur le sous-marin par son travers.

Le cuirassé Saint-Louis

Avant que le sous-marin ait pu amorcer une immersion, ou que le cuirassé ait pu entamer une manœuvre d’évitement, celui-ci éperonnait le Vendémiaire. La secousse, faiblement ressentie à bord du Saint-Louis, poussa un instant le Vendémiaire vers la surface avant qu’il disparaisse définitivement dans un grand remous. Par le grand trou béant provoqué par l’éperon du cuirassé dans la coque du sous-marin, l’eau s’engouffra et le remplit en quelque seconde, provoquant la mort instantanée des 24 hommes de son équipage qui sombrèrent avec lui.

Le temps que le Saint-Louis parvienne à stopper son erre et que les autres navires de l’escadre s’approchent pour porter secours, la surface de la Manche avait repris son aspect normal et ne laissait voir aucune trace de la catastrophe, de sorte qu’il fut extrêmement difficile de repérer l’endroit précis du naufrage. En raison du positionnement trop imprécis et de l’état de la mer, balayée par de très forts courants à la pointe de la péninsule du Cotentin, aucune manœuvre de renflouage ne put être mise en œuvre dans les temps qui ont suivi. Le Vendémiaire et son équipage furent perdus, corps et biens. Le 9 juin 1912, un hommage a été rendu aux victimes du Vendémiaire, depuis le cuirassé La Gloire.

Un hommage a été rendu le lendemain par le cuirassé La Gloire

Il fallut attendre pas moins de 104 ans, pour que l’épave du Vendémiaire soit découverte. En 2014, la société de plongée belge Dive Monkey annonçait qu’elle allait monter une expédition en 2015, en s’associant avec la société Ceres, pour tenter de localiser l’épave. Finalement, l’expédition fut reportée pour des questions d’organisation. Mais ces chercheurs se sont fait griller par un groupe de 4 plongeurs du club Hague Marine d’Omonville-la-Rogue, qui le 9 août 2016, ont plongé pour la première fois sur le Vendémiaire et ont pu l’identifier avec certitude.

Localisé à plusieurs milles nautiques de la zone supposée de son naufrage, le sous-marin repose en réalité par 70 mètres de fond, à environ 9 km au large de Goury dans le raz Blanchard, aux coordonnées : latitude 49° 45′ 95 N et longitude 2° 02′ 85’ W.

 

En 2017, le DRASSM a procédé à une expertise du site afin de l’identifier officiellement et d’en tirer les premiers relevés. L’observation des scientifiques a montré que le sous-marin n’a pas été coupé complètement en deux, mais que l’éperonnage a ouvert une énorme brèche sur plus des deux tiers du diamètre de la coque étanche du submersible. Par la suite, toute la zone environnant la position de l’épave a été réglementée, avec l’interdiction de mouillage, chalutage et plongée pour protéger le site et respecter ce qui est devenu une sépulture marine.

Lien vers vidéo Youtube de France Bleu :

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