Chaque jour, une épave : 26 février 1903, l’Ottercaps, le bateau porte-malheur

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Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!

L’Ottercaps était un cargo à vapeur anglais de 66 mètres de long sur 10 mètres de large et 5 mètres de tirant d’eau, jaugeant 967 tonnes, construit en 1878 par les chantiers Thomson & Sons de Sunderland en Grande Bretagne, pour la compagnie Morton, de Sunderland elle aussi. Propulsé par un moteur a vapeur de 2 cylindres Compound et une hélice, il atteignait la vitesse de 9 nœuds. Il fut affecté à la ligne de Grande Bretagne vers l’Espagne. Mais au cours de sa carrière, il allait souvent jouer de malchance…

Le 8 juin 1879, le navire était en route de Bilbao en Espagne, vers Sunderland en Angleterre, sous les ordres du capitaine George Benson, avec une cargaison de minerai de fer. Le capitaine, un vieux briscard, avait l’habitude pour gagner du temps, de traverser les chenaux compliqués et dangereux du raz de Sein et du chenal du Four, plutôt que d’avoir à contourner la péninsule bretonne en restant au large des îles de Sein et d’Ouessant, comme le voulaient les règles de prudence. Le navire avançait à sa vitesse maximale de 9 nœuds et son capitaine avait bien en vue les différents phares du secteur, de sorte qu’il pouvait déterminer sa position et son itinéraire avec précision. Malgré cela, par un excès de confiance et ayant un peu trop négligé le courant de la marée montante, le bateau a dévié de quelques centaines de mètres et s’est présenté face à la bouée des Renards, à l’est de sa route normale. Malgré le coup de barre à gauche pour éviter le danger, le bateau a quand même heurté les rochers de Renards près de Brest, mais n’est pas resté échoué. Dans son élan, l’Ottercaps a frotté la roche au passage, créant une petite voie d’eau dans un de ses compartiments étanches. Le compartiment avant rempli d’eau, mais sans autre dommage, Benson amena le navire à Brest, où la cargaison fut déchargée et des réparations temporaires ont été effectuées. Remis en état, il est finalement arrivé en toute sécurité à Sunderland, avec sa cargaison. Une enquête officielle a eu lieu le 11 juillet 1879 à Sunderland, et Benson a été jugé fautif, non pas d’imprudence, mais d’excès de confiance… Son certificat de maîtrise a été suspendu pour 3 mois, mais pendant cette période, il a été autorisé à naviguer avec un certificat de second.

L’Ottercaps à la sortie des chantiers Thompson

Le 25 février 1880, l’Ottercaps est entré en collision avec le cargo Stelling dans la rivière Bilbao. Les deux navires ont été échoués, mais ont pu être remis à flot sans trop de dégâts.

Vers 1885, un nouveau problème advint sur l’Ottercaps. Le navire est allé s’échouer sur les jetées du port de Boulogne. Sérieusement endommagé, le bateau est néanmoins sauvé, puis réparé avant d’être remis à flot.

Et la série noire continue : le 10 août 1890, le l’Ottercaps était en route de Londres à Sunderland, sur ballast, sous le commandement de son nouveau capitaine, Allan B. Watt. Le bateau a raté l’entrée du port de Sunderland et s’est échoué à environ 200 mètres au sud de la jetée sud vers 22h45. Le garde-côte se rendit sur les lieux et la brigade a effectué le sauvetage de 15 des 18 membres d’équipage, au moyen de lance-amarres. Les trois autres marins, y compris le capitaine, ont choisi de rester à bord jusqu’à ce que le navire soit laissé à sec par la marée descendante, puis il a été doucement remorqué par trois remorqueurs à la marée haute suivante. Le 14 août 1890, enfin remis à flot, il a été amené au chantier naval pour les réparations nécessaires.

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L’Ottercaps échoué à Sunderland en 1890

Le 21 juillet 1891, cette fois-ci l’Ottercaps n’était pas en cause, mais participa au sauvetage d’un équipage suite à un naufrage. Il embarqua les 38 passagers et les 12 marins de l’équipage du Neko, un paquebot allemand, qui a coulé après que le cargo Staincliffe l’ait heurté dans le brouillard. L’Ottercaps a ensuite débarqué les naufragés à Brest.

En 1895, l’Ottercaps changea de propriétaire, pour entrer au service de la compagnie Earl of Durham, de Sunderland, pour une courte période puisqu’un an plus tard, en 1896, il passa dans les mains de la compagnie Lambton & Hetton Collieries, de Newcastle, toujours sous le nom d’Ottercaps.

Le 26 février 1903, le navire qui assurait toujours la même ligne entre l’Espagne et la Grande Bretagne, était encore en route de Bilbao avec du minerai de fer, cette fois vers Middlesbrough, sous le commandement d’Allan B. Watt. Alors que sévissait une violente tempête dans le golfe de Gascogne jusque près de la Pointe du Raz dans le Finistère, le capitaine tenta, semble-t-il, de longer la côte pour chercher les abris et de passer entre la Pointe du Raz et l’Ile de Sein. Mais au sud de Sein, la mer était quand même démontée et suivre cet itinéraire relevait de la folie… Le navire fut jeté sur les rochers qui bordent la côte entre la baie d’Audierne et la pointe du Raz et a fait naufrage avec tout son équipage entre la pointe de Plogoff et la pointe de Feunteun Aod. Les 16 marins furent tous perdus. 13 corps ont successivement été retrouvés entre Feunteun Aod et l’anse Loubous. Les coupures de journaux de l’époque annoncent que la catastrophe a entraîné 13 veuves et 33 orphelins de moins de 14 ans.

La pierre tombale du capitaine Watt

L’Ottercaps repose toujours par 10 mètres de fond tout près des falaises du sud Finistère, par une latitude de 48° 01′ 430 et une longitude de 04° 42′ 070.

Par cette faible profondeur et dans cette zone souvent très agitée, l’épave est disloquée et se fond dans la végétation sous-marine.

On peut accéder au site par le village de Penneac’h et la petite cale de l’anse Loubous.

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