Chaque jour, une épave : 25 avril 1917, le paquebot l’Hirondelle, torpillé à Belle-Ile

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Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!

Le vapeur Hirondelle était un paquebot de transport mixte passagers/fret, long de 81 mètres et large de 11 mètres. Jaugeant 1648 tonnes, il était propulsé par une machine à vapeur de 3 cylindres à triple expansion de 347 cv alimentée par 3 chaudières, qui lui permettait d’atteindre la vitesse de 13 nœuds sur une hélice. Construit en 1890 par les chantiers Gourlay Brothers & Co à Dundee en Ecosse pour la compagnie General Steam Navigation Co de Londres, il était doté de 3 ponts et comportait 70 cabines de 1ère classe, 50 cabines de 2e classe et 25 cabines de 3e classe.

Publicité de l’époque pour la General Steam Navigation Company, propriétaire de l’Hirondelle

L’Hirondelle fit son voyage d’inauguration le 14 juin 1890 à partir Parkeston Quay, Harwich à Gravesend avec de nombreux invités officiels à bord. De 1890 à 1905 il a été affecté à la ligne de Londres son port d’attache à Bordeaux. En 1905, il a changé de destination avec la ligne de Harwich à Hambourg. Son premier gros problème survint le 20 décembre 1913 quand il s’échoua dans la brume dans le Bas-Elbe sur le trajet de Harwich à Hambourg. Il a été remis à flot à la marée haute suivante, mais il heurta le SS Tento, endommageant sa poupe. En 1914, il assurait la ligne Londres à Leith. Du 4 août 1914 au 7 Juin 1915, il a été réquisitionné par l’Amirauté britannique en tant que navire ravitailleur (N° Y9.17). Le lieutenant John W. Watling fut nommé à son commandement. A partir du 8 Juin 1915 il devint navire de défense et citernier. Le 25 avril 1917, à 13 milles au sud-sud-est de Belle-Ile, il allait rencontrer son destin…

Le 25 avril 1917, l’Hirondelle faisait partie d’un convoi de 9 vapeurs, escorté par 5 navires convoyeurs. L’Hirondelle venait de Londres avec dans ces cales une cargaison de matériel devant servir à l’effort de guerre, à destination de Bordeaux. Parmi les différents matériels qui remplissaient le bateau, on trouvait notamment un stock de pneus pleins, bien caractéristiques de l’époque, ainsi qu’un chargement de fusées d’obus. Selon les informations issues du groupe « Investigation, Sauvegarde & Promotion du Patrimoine Maritime », Celles-ci ne présentaient pas de danger car elles étaient non armées, brutes de fonderie, d’un kilo par pièce, fabriquées en Angleterre et destinées aux fabriques d’armements situées près de Rennes, qui en termineraient l’usinage.

Le sous-marin UC 36 fit beaucoup de dégâts dans les convois au large de la Bretagne en 1917

En fin de journée ce 25 avril, le convoi quittait Belle-Ile en direction de La Pallice, le port de commerce de La Rochelle, où aurait lieu la prochaine escale avant de repartir vers Bordeaux. Vers 21h, alors que le convoi se trouvait à environ 13 nautiques au sud de Belle-Ile, un sous-marin qui rodait dans la zone depuis plusieurs jours et avait déjà coulé plusieurs navires (voir notre article sur l’épave du Savio, coulé le 23 avril 1917) fit son entrée en scène. Il s’agissait de l’UC 36, commandé par le Kapitänleutnant Gustav Buch, qui patrouillait souvent dans la zone de la Bretagne où il a affiché de nombreuses victimes à son palmarès. Contrairement au Savio deux jours plus tôt coulé au canon et aux explosifs car il était isolé, cette fois-ci l’attaque eut lieu à la torpille, en plongée, du fait de la proximité des autres navires du convoi et du danger représenté par les escorteurs s’ils venaient à repérer l’U-boot.

A bord de l’Hirondelle, on aperçut le sillage de la torpille trop tard, quelques secondes seulement avant qu’une énorme explosion retentisse sur tribord arrière. La torpille a fait des dégâts irrémédiables et l’eau s’engouffra dans la large brèche ouverte par l’explosion. L’ordre d’évacuation fut donné immédiatement par le capitaine, qui a très vite jugé la situation désespérée. Les canots de sauvetage furent mis à l’eau et l’équipage put s’éloigner, sain et sauf pendant que l’Hirondelle disparaissait de la surface en moins de dix minutes. Quant à l’U 36, il s’éloigna sans refaire surface pour ne pas risquer de se faire repérer par les escorteurs. On a pu attribuer ce torpillage au Kapitänleutnant Gustav Buch grâce aux archives sous-marines allemandes.

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La machine à vapeur et une chaudière de l’Hirondelle

L’épave de l’Hirondelle repose sur un fond de sable par 55 mètres de profondeur, aux coordonnées : latitude 47°03’ 680 N et longitude 2° 53’ 975 W. Situé relativement loin des côtes et du fait de sa profondeur, le site est peu visité et pourtant l’épave est exceptionnelle, dans une eau du large souvent claire permettant une bonne visibilité sur une grande partie du bateau, qui est habité d’une faune très dense. Le navire est à plat, seule l’étrave est cassée et inclinée sur son tribord. La majeure partie du pont et du bordé se sont effondrés, laissant apparaître, trônant au beau milieu de l’amoncellement de débris divers, de pneus et d’ogives d’obus, trois énormes chaudières parfaitement alignées, suivies de la machinerie à vapeur, imposante, toujours debout et haute de plus de 8 mètres. Une plongée à réserver aux plongeurs confirmés, mais qui vaut largement le détour…

Lien vers la vidéo Youtube d’Angélus Plongée :

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