Chaque jour, une épave : 23 janvier 1918, la Drôme et le Ker-Bihan à Marseille

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Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!

Le 23 janvier 1918, les catastrophes se sont additionnées dans la rade de Marseille. Deux bateaux ont sombré, le même jour pour les mêmes causes (mines), quasiment au même endroit, tout au moins à quelques dizaines de mètres. Il s’agit de la Drôme et du Ker Bihan.

La Drôme était un cargo à propulsion mixte, voile et vapeur construit en 1887 sur les chantiers de la Loire à Nantes pour le compte de la Marine Nationale française. 72 mètres de long, 9,5 mètres de large et 5,2 mètres de tirant d’eau, une jauge de 3236 tonnes, une chaudière à deux cylindres Compound de 275 cv faisant tourner une hélice pour propulser le bateau à 11 nœuds, complétée par un gréement de 3 mâts à voiles auriques et huniers, la Drôme était en outre armée de deux canons, un de 65 mm à l’arrière, l’autre de 75 mm à l’avant.

Etant basée à Toulon, la Drôme était affectée de 1887 à 1918 comme transport entre les ports des côtes Atlantique, Méditerranée et ceux d’Afrique du Nord, lignes sur lesquelles elle connut quelques mésaventures. Le 10 août 1893, à 28 milles au large de Vigo, en provenance de Rochefort et à destination de Toulon, par grosse houle et brume, la Drôme aborda le vapeur Octeville et le coula. Le 28 mai 1894, en provenance de Toulon et à destination de Rochefort, elle aborda le trois-mâts Alina. Entre incendies, avaries multiples et autres tracas incessants, la Drôme parvint néanmoins jusqu’à la “Grande Guerre”.

En ce début janvier 1918, le sous marin allemand mouilleur de mines de classe II, UC-67 commandé par le capitaine Martin Niemöller, avait réussi à tromper la vigilance forces françaises assurant la sécurité de la rade de Marseille et à leur insu mouilla cargaison de mines sous marines.

Le 22 janvier 1918 sous le commandement du lieutenant de vaisseau Allaire, la Drôme quittait l’Arsenal de Toulon à 13h35 pour la rade de Marseille avec à son bord un chargement de 1.500 fûts de pétrole et 250 tonnes de matériel divers. Le navire était escorté par le contre torpilleur D’Iberville. Le 23 janvier à 5h45, elle entrait dans le chenal de sécurité de Marseille par le sud non loin de la Madrague et attendait l’arrivée d’un pilote pour la guider dans la rade jusqu’au quai qui lui avait été attribué.

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C’est à ce moment qu’un choc violent suivi d’une première explosion ébranla le navire et causa un début d’incendie dans les cales avant. Le feu s’est alors propagé aux autres soutes où étaient entreposés les fûts de pétrole, causant une seconde explosion encore plus violente au niveau des panneaux du milieu, qui ébranla tout le navire, créant un second incendie qui se répandit rapidement dans tout le navire et notamment au niveau des chaudières, ce qui provoqua une troisième explosion, celle des chaudières, déchirant la coque de la Drôme qui sombra très rapidement, entraînant avec elle 26 marins sur les 58 qui composaient son équipage, 16 d’entre eux étant restés en permission à Toulon. Les survivants furent récupérés par des bâtiments venus en secours : l’Orb, le Jean Grêve, le Francois Nicolas et le Saint Leon.

Malgré la grande profondeur à laquelle gisait l’épave, le renflouement fut décidé, et le centre de sauvetage de Toulon fut désigné pour ce travail particulièrement hasardeux. Un dock flottant de 1000 tonnes et le remorqueur Goliath, commencèrent les travaux le 1er août 1919. Après plusieurs tentatives, le projet de renflouer la Drôme fut abandonné.

La Drôme repose désormais par 51 mètres de fond au milieu de la baie sud de Marseille, non loin de la Pointe Rouge, à la latitude 43°13’ 910 N et longitude 05°19’ 262 E. L’épave est brisée en son centre. Elle se présente en deux parties posées droites sur le fond, distantes l’une de l’autre d’environ une dizaine de mètres. Le pont se trouve à environ 45 mètres de profondeur, le canon à la proue est tombé sur le pont mais celui de la poupe est encore debout. Habitée par une faune très dense, l’épave offre de nombreux points d’intérêt. Mais ne cherchez pas l’hélice, elle est partie depuis bien longtemps orner le portail de la COMEX, non loin de là, sur la terre.

Vidéo plongée sur la Drôme :

Cette journée du 23 janvier 1918 n’était pas finie : elle allait sceller le sort, quelque heures plus tard, dans la même zone du Ker-Bihan, qui heurta lui aussi une mine larguée par le UC-67.

Le Ker-Bihan était un chalutier construit par les chantiers Duthie & Son – Torry Shipbuilding à Aberdeen en Ecosse pour la Compagnie Armoricaine de Chalutage à Vapeur, de Lorient, en 1902. 32 mètres de long, 6 mètres de large, 3,2 mètres de tirant d’eau, il était d’un gabarit nettement inférieur à la Drôme. Après 13 ans de bons et loyaux services dans la pêche, il a été réquisitionné par la Marine française en 1915 et utilisé comme dragueur de mines.

Ce 23 janvier 1918, quelques heures après le naufrage de la Drôme, le Ker-Bihan passait lui aussi dans la même zone, au large de la Pointe Rouge, participant aux opérations de dragage des mines y avaient été mouillée peu de temps auparavant par le sous-marin allemand UC-67. A 7h 40, la Pioche avait rejoint le Ker-Bihan, ayant pour mission de draguer la partie nord du chenal de sécurité. A 8h 15, le 1er maître Croc signalait à la Pioche qui se trouvait sur son bâbord, qu’il venait de couper 2 mines. Alors qu’il manouvrait pour les couler, il heurta une mine sur sa hanche bâbord arrière. L’explosion d’une rare violence envoya le Ker-Bihan par le fond en quelques secondes. La Pioche se rendit aussitôt sur les lieux du drame et parvint à recueillir 6 marins qui surnageaient au milieu des débris.

Aujourd’hui, le Ker-Bihan est posé bien droit par 55 mètres de fond, à la latitude 43° 13’ 822 N et longitude 05° 19’ 003 E, dans une eau souvent chargée rendant la visibilité aléatoire. Le petit chalutier peut-être visité en une seule fois. La proue, les portiques de chalutage sont encore en place. Vers la poupe, on peut encore voir ce qui fut la cabine dont subsiste seulement l’armature. La salle des machines, contrairement à celle de la Drôme, a résisté à l’explosion. Sur bâbord, couchée sur le sable, repose la cheminée. La poupe quant à elle, a été disloquée par l’explosion.

Video plongée sur le Ker-Bihan :

 

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