Chaque jour, une épave : 11 juin 1940, le Niobé et ses diamants

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Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!

Le Niobé était un cargo français en acier à vapeur, construit en 1920 par les chantiers Blyth Shipbuilding & Drydock de Blyth en Grande Bretagne, pour le compte de la Société Navale Caennaise, de Caen en France. Long de 79 mètres et large de 11 mètres pour 5 mètres de tirant d’eau, il jaugeait 1684 tonnes et était propulsé par une machine à vapeur de 3 cylindres à triple expansion de 244 cv alimentée par 2 chaudières, actionnant une seule hélice pour atteindre la vitesse de 10 nœuds.

Le Niobé a toujours navigué pour le même armateur entre les ports du nord de l’Europe, jusqu’au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale où il fut amené à participer à l’effort de guerre en transportant du matériel, des munitions et des hommes.

Début juin 1940, après l’opération Dynamo sur Dunkerque qui a tourné au fiasco et l’évacuation précipitée des soldats anglais pris au piège par des forces allemandes plus rapides et mieux organisées que prévu, la partie nord de la France commençait à sentir souffler le vent de la défaite, constatant que l’armée allemande avançait sans être freinée le moins du monde. Elle envahissait une à une, toutes les villes, depuis les Ardennes qui ont été franchies sans même ralentir et la fameuse ligne Maginot, réputée infranchissable, que la Wehrmacht n’a pas eu besoin de franchir puisqu’elle est passée… à côté.

Au Havre, grande ville portuaire de la Manche qui dessert la capitale, la panique commençait à gagner la population qui voyait arriver sur elle une véritable marée « vert-de-gris ». Les forces allemandes n’étaient plus qu’à quelques kilomètres et chacun essayait de sauver ce qu’il pouvait. On essayait ensuite de franchir la Seine en direction de Caen pour s’éloigner le plus possible du théâtre d’opérations. Les plus privilégiés comptaient sur les bateaux, de retour au Havre à la suite de l’opération de Dunkerque et encore présents dans le port, pour rejoindre la Normandie qui n’était pas encore menacée ou pour essayer de passer en Angleterre. Des cargos et des paquebots surchargés prenaient la mer, pendant que d’autres accostaient à leur tour pour y prendre leur chargement humain.

C’est ainsi que le cargo Niobé, de retour de l’enfer de Dunkerque où il n’avait pas réussi à débarquer les 800 tonnes de munitions qu’il apportait aux soldats alliés pris au piège, se présenta au Havre où il devait se débarrasser de sa cargaison pour le moins encombrante et dangereuse, puis embarquer un maximum de civils pour les soustraire aux Allemands qui contrôlaient déjà le pont de la Seine et empêchaient tout passage par voie terrestre.

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Le 11 juin 1940 au matin, plusieurs navires se trouvaient en attente devant ou dans le port du Havre. Le Niobé, qui n’avait toujours pas pu décharger ses 800 tonnes de munitions car les dockers avaient tous pris la fuite, avait tout de même embarqué entre 800 et 1200 passagers pour les emmener vers Caen. Le compte n’est pas précis car dans la panique, personne ne pensait à tenir un registre et le capitaine du Niobé, Ange Lodeho, avait reçu pour mission de prendre à bord le maximum de personnes. A 17h, le Niobé avait à peine eu le temps de sortir du port que les marins virent fondre sur eux une escadrille de Stukas, ces bombardiers allemands très caractéristiques avec leur sirène destinée à affoler la population. Et le désastre se produisit. Sous le balai des Stukas, c’est une pluie de bombes qui s’abattit sur les navires incapables de s’abriter ni même de se défendre. Une des bombes tomba directement dans la cale du Niobé où étaient encore entreposées les 800 tonnes de munitions, déclenchant une formidable explosion qui disloqua le bateau et l’envoya par le fond en quelques minutes. Des 800 à 1200 passagers, seuls 11 chanceux seront finalement sauvés et recueillis par le navire Le Cotentin.

Le mystère a commencé à s’installer autour du naufrage du Niobé quand on apprit que des diamantaires belges et hollandais avaient embarqué à bord du cargo avec tout leur stock de diamants et de pierres précieuses. Ce fameux trésor a disparu dans le naufrage, en même temps que ses propriétaires. Il gît désormais au fond de la Manche, dans les restes du Niobé, tout près du port du Havre aux coordonnées : latitude 49° 37’ 881 N et longitude 0° 06’ 359 W.

Des recherches entreprises quelque temps plus tard avec des scaphandriers ne donnèrent rien, les diamants ne furent jamais retrouvés et dorment toujours dans leur écrin marin.

En juin 2002, un groupe de plongeurs du Havre qui procédaient à des sondages en baie de Seine, ont retrouvé et identifié formellement l’épave du Niobé. Le site, par 25 mètres de fond, est toujours jonché d’une grande quantité de munitions, les chaudières et la machine sont toujours en place, ainsi qu’une hélice de rechange. Les lettres formant le nom du Niobé ont été retrouvées sur la poupe encore intacte. Mais les diamants, eux, s’ils existent vraiment, demeurent introuvables, malgré une demande d’enquête formulée par le Consulat des Pays Bas qui n’obtint pas les résultats escomptés…

Lors de cette journée funeste, cinq autres navires ont coulé devant le Havre :

Le Piriapolis, cargo belge de 7340 tonnes, de 140 mètres de long sur 18 mètres de large, coulé par 25 mètres de fond aux coordonnées : latitude 49° 35’ 841 N et longitude 0° 00’ 443 E ( ? victimes);

Le Général Metzinger, paquebot français de 9345 tonnes, de 150 mètres de long sur 17 mètres de large, coulé par 17 mètres de fond aux coordonnées : latitude 49° 32’ 429 N et longitude 0° 01’ 978 W (6 victimes ; épave en grande partie relevée) ;

L’Albertville, paquebot français de 159 mètres de long sur 19 mètres de large, coulé par 25 mètres aux coordonnées : latitude 49° 34’ 881 N et longitude 0° 04’ 762 E (0 victime);

Le Syrie, cargo français de 2460 tonnes, de 88 mètres de long sur 12 mètres de large, coulé par 18 mètres de fond aux coordonnées : latitude 49° 30’ 978 N et longitude 0° 00’ 630 W (0 victime, 800 passagers évacués);

Et enfin le Bruges, ferry anglais de 2949 tonnes, de 98 mètres de long sur 13 mètres de large, échoué à la côte et se trouvant aujourd’hui sous quelques mètres d’eau, aux coordonnées : latitude 49° 29’ 965 N et longitude 0° 04’ 585 E (1 victime).

Lien vers vidéo Youtube de Patcrazydiver :

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