Chaque jour, une épave : 11 avril 1676, le Chariot et ses 70 canons

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Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!

Le Chariot était une flûte, navire de transport à voile d’origine hollandaise, du XVIIe siècle, de trois mâts à voiles carrées avec à l’arrière (mât d’artimon), une voile triangulaire de type latine. Construit à l’arsenal de Brest en 1673 sous les ordres du Sieur Laurent Hubac, sous le nom de “La Large”, pour le compte de la Marine Royale, il appartenait à la flotte de Louis XIV. il fut rebaptisé “Chariot” en 1675. Il servait principalement à l’approvisionnement des arsenaux. Il mesurait 30 mètres de long sur 7 mètres de large et avait un tirant d’eau de 4,80 mètres. Il disposait de 10 à 12 canons et de 5 ou 6 ancres. Il jaugeait 300 tonneaux. Son équipage comptait 30 hommes (2 officiers, 9 officiers mariniers et 19 matelots).

Gréement d’une flûte, vaisseau de transport ventru de 3 mâts carrés dont l’artimon est en voile latine (triangulaire)

La France avait déclaré, en 1672, la guerre à la Hollande et à l’Espagne. Le conflit se déroulait autant sur terre que sur mer et le bon approvisionnement de l’arsenal de Brest était capital pour armer les navires qui partaient au combat.

Le Chariot, flûte du roi, a quitté Nantes à destination de Brest sur ordre de Colbert. Le 6 avril 1676, au matin, la flûte appareilla de la rade de Paimbœuf à la tête d’un convoi, accompagnée de gabares et de quelques petits voiliers de servitude. Chargée de munitions, d’une centaine de canons en fer, fondus à Rochefort et de bois de construction marine, l’escadre mit le cap sur Brest. Son trajet de Paimbœuf à Brest passait par le sud de Hoëdic, entre la côte et Belle Ile.

Le 11 avril 1676, le vent était bien établi et de secteur nord-est. Le Chariot, navire de fort tonnage avec un tirant d’eau important, serra probablement trop le sud des Cardinaux et talonna sur une roche désignée par le Sieur de Varaignes comme ”la Bonne”, qui depuis a pris le nom du Chariot en mémoire du naufrage. Il sombra après s’être écarté à quelque distance de la roche, sur un fond de 24 à 26 mètres. L’équipage parvint à se sauver en mettant une chaloupe à la mer, mais sans rien pouvoir retirer de la cargaison qui s’engloutit avec le navire. Par la suite, comme l’épave reposait à relativement faible profondeur puisque le haut des mâts apparaissait à la surface, Colbert ordonna de procéder à la récupération de la précieuse cargaison, d’autant plus indispensable que l’on se trouvait en guerre et qu’une centaine de canons représentaient l’armement de plusieurs vaisseaux.

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Les roches du Chariot au sud de l’île “d’Hedic”. Extrait de la Carte de Belle-Isle et les isles D’Houat et Hedic en 1764, présentée sur le site de l’ADRAMAR

On peut suivre les péripéties de ces tentatives, qui furent vaines, dans les différents échanges écrits entre Colbert, Secrétaire d’Etat de la marine et Varaignes, Commissaire de la Marine de Nantes :

Lettre du ministre secrétaire d’Etat de la marine, J.-B. Colbert, au Sieur de Varaignes “…sur le naufrage de la flûte le Chariot…“Au camp de Condé le 26 avril 1676.

« J’ay appris par les lettres du Sieur de Seuil que la fluste le Chariot chargée de munitions à Nantes pour les magasins de Brest, a fait naufrage par le travers de hedic le 11 de ce mois ; Et comme sa cargaison estoit fort considérable Il est absolument nécessaire qu’aussytost que vous aurez reccu ce billet vous vous rendiez en toute diligence sur la coste prochaine du lieu ou ce naufrage est arrivé et que vous vous serviez de tous les moyens possibles pour tascher de sauver les débris de cette fluste et les munitions qui pourront estre retirées. »

Rapport du Sieur de Varaignes au ministre secrétaire d’État de la marine J.-B. Colbert, le 12 may 1676 :

« Je viens d’arriver assez à temps de l’isle de hédicq et Hoüat, et coste de basse bretaigne pour vous rendre compte de la perte de la fluste le Chariot, et j’ay faict le procès verbal que je me donne l’honneur de vous envoyer (…). J’ay esté sur les lieux et ay veu le grand mast de hune qui sort deux brasses hors de l’eau lorsqu’il est de basse mer avec les aubans, le perroquet et les agres ayant esté sauvé par un bateau de camacq qui en a rendu compte au gouverneur de Bellisle. J’ay faict sonder tout autour du navire où il y a quinze à seize brasses d’eau dont le fond est vase, le vaisseau est tout entier encore et ainsy on ne peut rien sauver jusques a ce qu’il soit rompu, comme la charge ne consistoit qu’en canons, armes et bois de construction qui flottent peu, les matelots disent que malaisement pourra-on sauver quelque chose. »

Située à quelques centaines de mètres de la roche dite du Chariot, la cardinale du Chariot doit son nom, comme les basses rocheuses dont elle signale les dangers, à la flûte royale Le Chariot. En 1984, la découverte d’une épave reposant par 24 à 31 mètres de fond, à quelques centaines de mètres dans l’ouest de la balise du Chariot, semblait correspondre à celle de la flûte royale disparue en 1676. La description du site consignée en janvier 1985 par ses inventeurs, Gérard Bousquet et Loïc Le Tiec, auprès du Chef du Quartier des Affaires Maritimes d’Auray évoquait un monticule formé de canons entassés.

Sur demande du D.R.A.S.S.M. (Michel l’HOUR), il a été demandé aux associations archéologiques locales, regroupées sous le nom de A.A.A. (Association Ariane et Andromaque), de localiser précisément, cette épave.

En 2002, le site a été relocalisé précisément par l’Association Ariane et Andromaque au cours d’une prospection magnétométrique et le Drassm effectua un sondage.

Afin de préserver le potentiel de l’épave, l’arrêté n° 2002/105, interdit le mouillage et la plongée sous-marine dans un rayon de 500 m autour du point mentionné, nous ne pouvons donc donner les coordonnées GPS précises mais sur les cartes marines, la zone d’interdiction est bien mentionnée, pour la protection de ce site exceptionnel.

Photos des canons transportés par le Chariot, présentées sur le site de l’ADRAMAR (http://www.atlasponant.fr)

Un nouveau sondage a été effectué par l’association ADRAMAR en 2009 : l’épave du Chariot présente un excellent état de conservation et constitue aujourd’hui l’un des sites archéologiques les plus prometteurs du littoral français.

Par 30 m de fond, le site de l’épave du Chariot est caractérisé par un talus de 6 à 8 m de côté sur plus d’un mètre de haut et constitué de trois ou quatre couches de canons. Aux alentours de ce talus, plusieurs canons et pierriers ont été dénombrés et devaient participer de l’artillerie de la flûte. Plusieurs boulets ont également été aperçus.

Lors de l’expertise, la cloche de timonerie a été remontée à la surface. Rien n’a pu être sauvé de l’épave, ce qui peut laisser pressentir son état exceptionnel sous la vase…

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