Chaque jour, une épave : 9 janvier 1942, la catastrophe du Lamoricière

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Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!

Le Lamoricière était un paquebot construit en 1921 par les chantiers Swan, Hunter & Wigham Richardson, de Wallsend en Grande Bretagne, pour la Compagnie Générale Transatlantique de Paris. Il avait fière allure avec ses 118 mètres de long sur 15 mètres de large et 9 mètres de tirant d’eau. D’une jauge de 1452 tonnes, il avait d’abord été motorisé d’une machinerie au fioul, mais en 1940, devant la pénurie d’hydrocarbures réquisitionnés par l’armée d’occupation, il fut transformé pour la chauffe au charbon, avec une chaudière à triple expansion couplée à deux turbines à vapeur actionnant trois hélices. D’une puissance de 8000 cv, il pouvait atteindre la vitesse de 18 nœuds. Il fut mis en service en février 1921 sur les lignes d’Afrique du Nord, au départ de Marseille, service qu’il assurera jusqu’à son naufrage en 1942.

Le 6 janvier 1942. À 17 heures, le paquebot Lamoricière, sous les ordres du commandant Milliaseau, quittait le port d’Alger pour Marseille. À son bord, 122 hommes d’équipage et 272 passagers, des fonctionnaires et militaires affectés en Afrique du Nord, des résidents allant passer leurs vacances sur le continent, et puis des enfants rentrant de colonie de vacances ou de séjours dans des familles d’accueil.

Le 7 janvier 1942, 22h54, le Transat en route au milieu de la Méditerranée, au plus fort d’une gigantesque tempête, avec des vagues de 12 m de creux et un vent de force 9, captait un SOS du Jumièges, un cargo en perdition au large de Minorque et se déroutait pour lui porter assistance. Mais il ne parvint pas à localiser le cargo en perdition qui fut par la suite perdu corps et âmes.

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Le 8 janvier, le Lamoricière était pris à son tour dans la tourmente. Le navire, reçut de plein fouet la fureur des éléments. L’eau s’infiltrait dans les chaufferies qui ne délivraient pas assez de puissance à cause du charbon de mauvaise qualité employé, ce qui lui permettait une vitesse d’à peine 7 nœuds. A 17h10, c’était au tour du paquebot d’envoyer un message de détresse. Il était devenu ingouvernable et affichait une gîte impressionnante. A 18 heures, les machines stoppèrent et à 21 heures les lumières s’éteignirent.

Le 9 janvier à 9 heures, le navire n’était plus maître de sa manœuvre. On commençait à le délester et à évacuer les passagers vers d’autres bateaux venus à la rescousse, mais l’état de la mer rendait toute tentative de mise à l’eau de chaloupes impossible. Le Lamoricière donnait de la bande, toujours davantage, et quand survint le paquebot Gouverneur-Général-Gueydon, sister-ship du Lamoricière, qui, sur le S. 0.S. du navire frère, avait quitté son port pour se porter à son secours, le Lamoricière ne paraissait déjà plus qu’une épave. On jetait des radeaux à la mer, des femmes et des enfants sautaient à l’eau, avant de disparaître dans les flots tumultueux. Des infirmières et des matelots essayaient désespérément de sauver quelques vies humaines, souvent au prix de leur propre sacrifice… Vers 11 heures, arrivaient sur les lieux un bâtiment de guerre et le paquebot Gouverneur-Général-Chanzy, sans plus de succès tellement les conditions étaient difficiles, la tempête redoublant de furie. Le Lamoricière sombra vers 12h40, se retournant avant de disparaître sous les flots déchaînés, emportant avec lui 292 personnes dont le capitaine.

Le journal La Croix du 13 janvier 1942, apporte des détails des tentatives de sauvetages, issus des témoignages des survivants et des hommes des bateaux d’assistance : « Alors, pendant près de sept heures, se succédèrent des scènes tragiques; des vagues, hautes comme des collines, interdisaient de mettre à la mer aucune embarcation. Aussi, les trois navires sauveteurs avaient-ils laissé pendre, le long de leurs bords tous leurs filins, cordes, échelles et filets. Des naufragés, portés aux sommets des vagues sur des bouées ou des radeaux, étaient happés au passage au niveau du dernier pont. Mais beaucoup étaient repoussés par les lames. D’autres, à bout de forces, lâchaient le filin qui les hissait… »

Les recherches effectuées les 10 et 11 janvier, par 3 bâtiments de guerre et 2 remorqueurs de sauvetage, dans la zone du Lamoricière, sont restées vaines. Aucun nouveau sauvetage n’a été opéré.

L’épave du Lamoricière a été retrouvée en mai 2008 par une équipe de plongeurs italiens et espagnols, dirigée par Guido Pfeiffer et Flory Calo, à une dizaine de kilomètres du cap Favaritx au nord-est de Minorque, par 156 mètres de fond aux coordonnées : latitude 40° 05’ 187 N, longitude 04° 16’ 182 E. Des prises de vue furent opérées sur l’épave à l’aide d’un ROV. Localisée en deux parties majeures, seule la partie avant de l’épave a pu être explorée. La proue du Lamoricière est en bon état et se trouve retournée à 156 mètres de profondeur sur les bords d’un ravin. La poupe qui n’a pas été tout de suite repérée, se trouverait plus bas, au fond du précipice sous-marin.

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