Chaque jour, une épave : 13 juin 1940, le Granville, coulé par… un char d’assaut !

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Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!

Au chapitre des naufrages inhabituels, voici celui du cargo Granville. A 4,8 milles en face du village de Paluel, près de Saint-Valéry-en-Caux, par une trentaine de mètres de fond se trouve l’épave d’un cargo qui le 13 juin 1940, a coulé sous les tirs d’un… char allemand, en embuscade sur le port de Saint-Valéry-en-Caux.

L’installation de la machine à vapeur

Le Granville était un cargo, construit en 1930 aux chantiers Cochrane & Sons de Selby, en Grande Bretagne, pour le compte de la Société Havraise de Transport & de Transit, basée au Havre en France. C’était un petit cargo en acier de 511 tonnes, de 52 mètres de long pour 8,7 mètres de large et 2,7 mètres de tirant d’eau. Il était propulsé par une machine à vapeur à triple expansion de 87 cv, alimentée par une chaudière et couplée à une seule hélice, lui donnant une vitesse de 11,3 nœuds. Avant la Seconde Guerre mondiale, le Granville était principalement utilisé pour le cabotage sur les côtes de la Manche. Une vie sans histoire pour ce navire qui remplissait vaillamment son office. Il allait être réquisitionné en juin 1940 pour ce qui serait sa dernière mission…

En juin 40, Rommel était à la tête de la 7ème Panzer Division qui participa et gagna la bataille de St Valery en Caux. Il fit plus de 40000 prisonniers. Après l’échec de la bataille de la Somme, et la débâcle de Dunkerque où les soldats Anglais avaient dû être évacués par la mer dans des conditions dramatiques, les armées alliées se repliaient et tentaient de passer de l’autre côté de la Seine. Mais les Allemands étaient plus rapides et encerclaient déjà la ville du Havre, point stratégique d’importance qui ouvrait la route vers Paris et tenaient les ponts de la Seine. Britanniques et Français se retrouvèrent encerclés dans la poche de Saint-Valery-en-Caux. Les soldats espéraient embarquer sur des bateaux, comme ce fut le cas pour une partie d’entre eux quelques jours auparavant à Dunkerque. Mais à Dunkerque, les plages de sable facilitaient l’embarquement, alors qu’à Saint-Valery-en-Caux, les galets compliquaient sérieusement les opérations d’évacuation, surtout que celles-ci devaient se faire sous le feu allemand, qui encerclait déjà la ville.

C’est l’obus tiré par un char allemand qui fit exploser la chaudière du Granville

Le 13 juin 1940, l’opération qui durait déjà depuis deux jours était sérieusement compliquée par un manque de communication. Tôt le matin, plusieurs navires se présentèrent devant le port de Saint-Valéry-en-Caux, ignorant que la ville était en train de tomber et que les batteries côtières étaient désormais aux mains de l’ennemi. Parmi ces navires se trouvait le cargo Granville, réquisitionné par la Marine Nationale, qui arrivait pour procéder à l’évacuation de troupes alliées encerclées par l’armée de Rommel, ainsi que le Train Ferry N°2. Ils ont été coulés avant même d’avoir pu embarquer qui que ce soit, d’une manière pour le moins inattendue, pilonnés par l’artillerie terrestre dont ils ne se méfiaient pas, mais aussi par les chars allemands de la division du général Rommel, qui avaient pris position non loin du port.

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Les survivants du Granville furent récupérés par les chaloupes du Anne-Marie

Un obus allemand d’un char en embuscade toucha le Granville directement sur la machine, qui explosa. Le Granville perdit ainsi toute manœuvrabilité et commença à dériver. Cette première explosion en entraîna une seconde, celle des explosifs stockés dans un compartiment voisin de la machine. Les deux explosions ont ouvert de sérieuses brèches qui ont séparé pratiquement le navire en trois parties. En flammes, le Granville dérivait tout en se remplissant d’eau, avant de sombrer 3 nautiques au large de Saint-Valéry-en-Caux. Sur les 45 personnes à bord, 12 sont mortes ou portées disparues et 7 autres furent blessées. Les survivants ont réussi à se jeter à l’eau sous la mitraille ennemie et furent récupérés par des canots qui les amenèrent au large, hors de portée des tirs, où ils purent être transférés à bord du chalutier Anne-Marie pour être déposés à Cherbourg.

Après la reddition de Saint-Valery-en-Caux, le Général Rommel (à g.) en compagnie du général Fortune, l’un des 12 généraux faits prisonniers ce 13 juin 1940.

A terre, Siant-Valéry-en-Caux finit par tomber aux mains du général Rommel. 40 000 hommes ont été faits prisonniers. Il y avait parmi ces prisonniers, 12 généraux français et Anglais (dont Ilher, Fortune, Chanoine, Gastey, Vauthier, Durand, …). Un matériel conséquent fut perdu : 58 chars, 56 canons, 368 mitrailleuses, 1 100 camions.

Rommel et von Hartlieb foncèrent ensuite vers le Havre qui venait aussi de se rendre sans résistance. Le lendemain les Allemands entraient à Paris, déclarée “ville ouverte”.

Les prisonniers de la poche de Saint Valery étaient encore sur les routes vers l’Allemagne et la Pologne occupée, lorsque la France demande l’armistice…

L’épave du Granville se trouve toujours en face de Paluel à environ 30 mètres de profondeur, aux coordonnées : latitude 49° 54’ 382 N et longitude 0° 32’ 141 E. L’épave présente un aspect très variable, les courants faisant changer le fond et couvrant ou découvrant certaines parties en fonction de la force des marées. L’épave est ouverte et ne présente pas de danger, mais il est préférable de plonger à l’étale afin d’éviter les courants.

Lien vers vidéo Youtube de Ecologiesousmarine :

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