Chaque jour, une épave : 10 mai 1997, la Reine des flots, bateau de plongée qui a… plongé !

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Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!

La Reine des flots était à l’origine un bateau de pêche côtier d’une douzaine de mètres de long, construit comme son sister-ship le Destin des flots, aux chantiers de Saint-Gilles-Croix-de-vie en Vendée, en 1952. Après avoir bien rempli leur mission pendant de longues années sur le littoral breton, le deux bateaux aspirèrent à une nouvelle vie et quittèrent la côte Atlantique pour la Méditerranée, en passant par le canal du Midi.

A Marseille, ils ont continué vaillamment la pêche locale pendant encore quelques années, avant de se reconvertir dans une activité touristique en plein essor : la plongée sous-marine. Alors que le Destin des flots prenait la direction de Banyuls sur mer pour y opérer dans un club de plongée du Roussillon, la Reine de flots, elle, restait à Marseille et prenait ses quartiers aux Goudes, à l’extrémité est de Marseille. Nous étions alors dans les années 1990/1992.

Le Destin des flots, sister-ship de la Reine de flots, en service à Banyuls-sur-mer

Jusqu’en 1995, la Reine de flots effectuait quotidiennement la traversée de la baie de Marseille pour aller déposer les plongeurs sur tous les sites, les plus proches comme les plus éloignés. Son propriétaire finit par obtenir en 1995 une concession sur l’île du Planier afin d’y organiser un centre de plongée.

C’est au titre de l’association «Mer et Soleil» qu’il s’y installa, dans le but d’y aménager non seulement la base de plongée, mais aussi un hébergement pour que les clients de l’association puissent y effectuer des séjours et des stages de plongée en faisant l’économie du fastidieux trajet quotidien entre la côte et l’île.

L’association avait ainsi apporté des matériaux et avait aménagé un habitat sommaire sur l’îlot, à l’abri des fureurs de la mer. Quant à la Reine des flots, elle embarquait les plongeurs à l’appontement du Planier pour les amener au plus près des épaves qui cernent l’îlot.

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Les plongées se faisaient en petit comité car le bateau n’était pas très grand et le matériel de plongée encombrait très vite le pont. Souvent surchargé et haut sur l’eau, construit pour étaler la houle longue de l’Atlantique, il encaissait beaucoup moins bien le clapot méditerranéen et les lames courtes qui caractérisent la « Mare Nostrum » le faisaient rouler bord sur bord, au grand dam de certains de ses passagers qui regrettaient amèrement de ne pas avoir le pied marin… Bref un bateau de plongée comme il en existait tant dans les années 90, anciens chalutiers lents et rustiques qui faisaient la joie des plongeurs de l’époque, ceux-ci appréciant autant la plongée que la ballade en mer et le casse-croûte qui allait avec.

Le 10 mai 1997, un groupe de plongeurs venaient de passer le weekend au Planier et attendaient pour être rapatriés sur Marseille. Ils étaient trop nombreux par rapport aux places disponibles sur le bateau. Le propriétaire n’ayant aucune envie de faire deux voyages, proposa à ses clients de se serrer, sinon ils devraient attendre encore plusieurs heures. C’est ainsi qu’ils se retrouvèrent à… 28 sur un bateau homologué pour seulement une demi-douzaine de plongeurs ! Et encore, ajoutez au nombre, les bagages et sacs de plongée de chacun…

Le bateau bien rempli et bas sur l’eau à cause de sa charge non règlementaire, quitta le Planier dans la bonne humeur générale, mais les passagers déchantèrent bientôt, le léger clapot du moment leur laissant entrevoir la situation quelque peu dangereuse dans laquelle ils se trouvaient. Le bateau roulait, les embruns arrosaient le pont sur lequel les bagages glissaient d’un bord à l’autre. Mais le pilote, sûr de lui, continuait en lançant quelques plaisanteries pour détendre l’atmosphère. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’est l’arrivée du Napoléon, immense ferry en provenance de Corse, qui rentrait au port et qui passa non loin de la Reine des flots. Situation ne présentant aucun danger en situation normale, les distances de sécurité étant respectées, pas de quoi s’alarmer. Sauf que la Reine des flots, trop chargée, fut prise dans les remous provoqués par la vague d’étrave du ferry et chavira avant de couler en quelques secondes.

Les 28 passagers, tous plongeurs chevronnés et excellents nageurs, n’ayant pas peur de l’eau ne paniquèrent pas et se retrouvèrent tous en train de barboter en surface, au milieu de quelques sacs et accessoires divers qui flottaient. Le bateau avait déjà disparu de la surface avec tout le matériel de plongée et les bagages qui ne flottaient pas. La situation aurait été cocasse si les infortunés n’avaient pas perdu tous leurs biens dans le naufrage. Mais heureusement, ils étaient tous vivants.

Coupure d’un journal local annonçant le jugement du propriétaire de la Reine de Flots

Par la suite, la justice condamna le propriétaire du bateau à 6 mois de prison avec sursis et au versement de dommages et intérêts à chacun de ses passagers, pour avoir transporté 28 personnes et leurs bagages sur un bateau homologué pour 6…

Aujourd’hui, la Reine des flots repose par 66 mètres de fond non loin de l’île Tiboulen et de l’île Maire, à l’ouest des Goudes, aux coordonnées : latitude 43° 13’ 049 N et longitude 5° 18’ 487 E. L’histoire ne dit pas si le matériel de plongée coulé avec la Reine des flots a été récupéré depuis le naufrage, mais mon petit doigt me dit qu’il ne doit pas y rester grand-chose…

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