Chaque jour, une épave : 28 mars 1860, Le Prophète au cap Lardier

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Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!

Le Prophète était un petit cargo mixte vapeur et voile, français. Il a été construit en 1853 par les chantiers Raynaud & Cie, petit constructeur de Sète, pour le compte de la compagnie Cohen & Cie à Marseille. Il mesurait 42 mètres de long sur 7 mètres de large et jaugeait 199 tonnes. Sa machine à vapeur d’une puissance de 80 cv, équipée de deux chaudières, le propulsait à 8 nœuds.

Le Prophète avait la particularité d’être l’un des premiers navires français de Méditerranée à être propulsé par une hélice. Il était en outre gréé à la voile en mode de propulsion auxiliaire. Dès sa mise en service, il fut placé sur la ligne France – Algérie.

En juillet 1857, le Prophète changea de mains et fut acquis par la compagnie Claude Maurou, elle aussi de Marseille. Le cargo ne changea pas ses habitudes puisqu’avec ses nouveaux propriétaires, il continua à assurer la ligne France – Algérie, avec comme ports de destination Philippeville et Bone.

A lire : le Cahier d’Archéologie Subaquatique extrêmement complet consacré à l’étude de l’épave du Prophète, coordonné par Jean-Pierre Joncheray, l’un des meilleurs spécialistes français d’épaves.

Le 26 mars 1860, le Prophète, commandé par le capitaine Cotton, approchait des côtes provençales en provenance de Philippeville, quand il fut pris dans une forte tempête. Prudent, le capitaine préféra mettre son bâtiment à l’abri dans la rade d’Agay, près de Saint Raphaël. Le 28 mars 1860, profitant d’une accalmie, le cargo avait repris sa route. Alors qu’il doublait de lap Lardier, non loin de Cavalaire, une voie d’eau se déclara dans la cale, inondant la cargaison de blé qui fut irrémédiablement détériorée. Malgré les efforts de l’équipage pour venir à bout de la voie d’eau, celle-ci prit de plus en plus d’importance et le cargo commença à s’enfoncer sans plus d’espoir de pouvoir le maintenir à flot. Les 18 hommes d’équipage et la 5 passagers durent se résoudre à monter dans les canots de sauvetage pour rejoindre la côte, distance d’à peine 500 mètres. Le naufrage ne fit aucune victime.

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Aujourd’hui, l’épave du Prophète dort toujours dans l’est-sud-est du cap Lardier, aux coordonnées : latitude 43° 09’ 464 N et longitude 6° 37’ 704 E, par 35 mètres de profondeur sur un fond de sable. L’épave est relativement dégradée et ensablée, la forme est difficilement identifiable mais la coque est ouverte à plat et la machine à vapeur avec ses chaudières sont encore en bon état, au beau milieu du site. A côté de l’une des chaudières, on peut voir une grosse roue métallique qui entraînait l’arbre d’hélice par un système d’engrenage rudimentaire : René Tamarelle, spécialiste en motorisation, explique que la grande roue métallique est en fait un pignon qui entraînait l’arbre d’hélice par l’intermédiaire d’un pignon plus petit fixé sur l’arbre comme réducteur. Ce gros pignon n’a plus de dents car à l’époque, on ne savait pas les réaliser en fonderie. On perçait alors des trous dans lesquels on implantait des dents de bois (d’où leur disparition aujourd’hui). La grande roue servait également de volant d’inertie pour réguler la vitesse de rotation du moteur. Cette pièce bien caractéristique permet d’identifier très facilement l’épave sur les photos. Derrière la machinerie, un gros touret fait penser à un dévidoir de câble. Les ancres sont encore présentes à la proue et à la poupe, il ne faut pas manquer la belle hélice à pales triangulaires, très rare.

La plongée sur la Prophète ne présente pas de grosse difficulté, mais il faut choisir un jour de calme plat pour le visiter car le site n’est pas abrité. L’épave offre des points de vue originaux pour les photographes, notamment au niveau de la machinerie et des éléments particuliers comme l’hélice, mais aussi avec ses habitants : il n’est en effet pas rare d’y rencontrer de jeunes mérous peu farouches…

Lien vers vidéo Youtube aux images superbes de Romain Lamarche sur le Prophète :

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