Chaque jour, une épave : 15 mars 1983, le Niagara, contrebandier bombardé en Corse

0
Publicité

Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!

Le Niagara était un cargo de 115 mètres de long sur 16 mètres de large et 11 mètres de tirant d’eau, jaugeant 3900 tonnes. Son moteur diesel de 7200 cv le propulsait à 17 nœuds. Il a été construit en France en 1958 par les Chantiers et Ateliers de Provence, à Port-de-Bouc, pour le compte de la Compagnie Générale Transatlantique/ Générale d’Armements Maritimes. Son premier nom était alors Fort Niagara. Il changea ensuite plusieurs fois de mains : racheté en 1972 par la compagnie panaméenne Delmonte Corp., puis en 1977 par la compagnie Federal Transport Inc., et enfin en 1982 par la Panuerpa Shipping, toujours au Panama qui modifia son nom pour Niagara.

De la vie mouvementée du Niagara, on ne connaît pas grand chose, surtout dans sa période panaméenne, ces compagnies étant plutôt avares de renseignements. De sa période à la CGT/GAM, on sait juste que le 4 février 1963, alors utilisé comme bananier, il a abordé en Seine le cargo anglais Vauban, sans trop de dommages.

Le 13 mars 1983, le Niagara, de passage dans la baie de Naples, fut pris en chasse par un navire des douanes italiennes, le suspectant de se livrer au trafic de cigarettes. Les douaniers avaient vu juste (ou avaient bien été renseignés…), le cargo transportait une cargaison importante de cigarettes de contrebande. Pas question donc pour son équipage d’obtempérer. Le cargo fonça de toute sa puissance vers le large, espérant gagner les limites des eaux territoriales. Peine perdue, le bateau douanier au moteur surpuissant était conçu pour ce genre d’intervention. Sur le point d’être interceptés, les contrebandiers mirent le feu à la cargaison et abandonnèrent le navire sur un canot rapide.

Dans un nuage de fumée noire, le Niagara dérivait lentement, emporté par les courants vers le large. Impossible de le remorquer vers un port avec l’incendie qui faisait rage. Il suffisait de laisser faire le temps, puisque les courants étaient en train de pousser le cargo vers la Corse, on allait laisser les voisins français se charger de ce cadeau empoisonné…

Passage de relais aux autorités françaises, qui ne furent pas plus brillantes : le cargo, en feu approchant dangereusement de la côte corse et représentant un danger non négligeable pour la navigation, ne pouvait toujours pas être accosté sans risque. Il fut décidé de le bombarder. Ainsi, quatre avions Super-Etendard de la flottille 17F de l’Aéronavale décollèrent de la base d’Hyères dans le Var et foncèrent vers leur cible. Volant à près de 900 km/h à 100 mètres au-dessus des flots, les avions arrivèrent très vite sur leur cible et lâchèrent des roquettes. Mais celles-ci touchèrent le cargo dans ses superstructures, aucune ne réussit à créer de voie d’eau sous la ligne de flottaison. Le bateau, criblé d’impacts, continuait donc à flotter, se dirigeant droit vers Ghisonaccia, dans le centre de la côte est de la Corse.

Publicité

On expliqua ce raté par le fait que les avions, intervenant à la tombée de la nuit avec un plafond de nuage très bas, étaient obligés de larguer leurs roquettes très près de l’eau et celles-ci ricochaient sur la surface avant de transpercer le bateau au-dessus de sa flottaison. On compta pas moins de 40 impacts de projectiles, et le bateau flottait toujours…

Dans la soirée, le Niagara arriva à quelques encâblures de la plage de Calzarellu, en face de l’embouchure de la rivière Abbatescu. Un bâtiment de la Marine Nationale lui passa une amarre pour le maintenir jusqu’au lendemain matin où on pourrait organiser son remorquage. Mais pendant la nuit, le temps se leva et la mer forcit. L’amarre finit par lâcher et le matin du 15 mars 1983, le Niagara finit sa course en s’échouant sur son flanc gauche à 250 mètres de la plage. Plusieurs tentatives de le déséchouer demeurèrent vaines. Le Niagara fut donc abandonné à son triste sort, l’administration ne prévoyant pas d’octroyer un budget, que l’on prévoyait conséquent, au déséchouage d’une épave sans pouvoir se retourner contre ses propriétaires en fuite.

Photo Stephan Legallais – www.legallais.net

L’épave du Niagara repose toujours tout près de la plage de Calzarellu, dans moins d’une dizaine de mètres d’eau, aux coordonnées : latitude 41° 58’ 642 N ; longitude 9° 26’ 030 E. On peut accéder aisément en PMT à l’épave dont une partie émerge toujours à la surface. Dans une eau très claire et si près de la surface, la visite est très facile avec une visibilité exceptionnelle, offrant de magnifiques points de vue pour les photographes.

L’épave n’a plus d’hélice, celle-ci ainsi que son arbre ayant été récupérée par des ferrailleurs en janvier 1987. L’hélice de quatre pales en bronze de plus de 4 mètres de diamètre a été revendue pour une coquette somme…

Lien vers la vidéo Youtube de Stephan Le Gallais – www.legallais.net

LEAVE A REPLY

Entrez votre commentaire s'il vous plaît !
Veuillez entrer votre nom ici


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.