Chaque jour, une épave : 15 février 1855, la Sémillante aux Lavezzi

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Le 15 février 1855 que la frégate impériale de premier rang Sémillante se perdait corps et biens sur un îlot de l’archipel des Lavezzi, avec près de 700 personnes à bord. Ce jour là soufflait dans le détroit, dès les premières heures du jour, une tempête d’une rare violence…

La Sémillante était une frégate impériale de premier rang de la classe Surveillante, appartenant à la Marine de guerre française. Construite à l’arsenal de Lorient en 1841, elle mesurait 54 mètres de long sur 14 mètres de large et 4 mètres de tirant d’eau, pour un déplacement de 2500 tonnes. Elle était pourvue d’un gréement de trois mâts carrés. Elle était armée de 60 canons de 30 livres.

Le 14 février 1855 à 11 heures à Toulon, alors qu’une forte brise balayait la rade, laissant présager des conditions météorologiques très rudes en pleine mer, La frégate impériale de premier rang Sémillante quittait le port en direction de la Crimée pour apporter aux Forces des armées turques, anglaises et piémontaises contre les Russes, des vivres et des renforts en troupes et en matériel. Son équipage était de 293 hommes commandés par le capitaine Jugan. La Sémillante était une frégate gréée de trois mâts et appartenait à la Marine de guerre française. Sa première escale prévue était Constantinople.

A son bord avait pris place un détachement de 400 militaires de l’armée de terre avec un matériel important comprenant quatre canons de 24, six mortiers de 32, dix mortiers de 27, mille obus de 15 centimètres, vingt affûts de mortiers, 1500 bombes de 27, cent-vingt barils de poudre de 50 kg, vingt plates-formes complètes et divers accessoires pour canons et mortiers, des baraques démontées et un assortiment de bois divers, représentant une cargaison d’environ 400 tonnes embarquées en quatre jours.

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La route la plus directe pour se rendre de Toulon en mer Égée passe par le sud Sardaigne, puis par le canal de Tunisie,  le canal de malte en direction du cap Matapan . c’est cette route qu’avait choisie le commandant Jugan mais ce dernier fut contraint, à cause des conditions défavorables, à passer par les bouches de Bonifacio pour atteindre rapidement la mer Tyrrhénienne et retrouver une zone relativement plus abritée à l’est de la Sardaigne.

La tempête qui soufflait au large de la Corse était tellement forte que dans la ville de Bonifacio, de nombreux toits avaient été emportés, une maison s’était écroulée. Aucun navire, si puissant soit-il, ne pouvait se risquer dans cette zone dangereuse dans de telles conditions.

Le 15 février 1855 à 10 heures, une cérémonie se tenait à Bonifacio sur la place Manichilla qui domine le détroit. Comme lors de toutes les tempêtes, le prêtre bénissait la mer avec un fragment de la « vraie » croix du christ, dans l’espoir d’apaiser la mer et de sauvegarder la vie des marins. Les fidèles, face à la mer, aperçurent alors « un grand bâtiment semblable à une nébuleuse noyée dans les vapeurs de la mer, allant sans règle et sans conduite au gré des flots, comme s’il eut eu des avaries dans son gouvernail ».

Du côté de la Sardaigne à 11 heures, le chef du phare de la Testa aperçut une frégate « dont il ne comprenait pas la manœuvre » le navire, а sec de toile, qui venait du nord-ouest selon une trajectoire erratique, donnait l’impression qu’il n’avait plus de gouvernail. Il pensa alors que le navire allait s’échouer sur l’un des nombreux îlots qui parsèment le détroit. Mais il vit subitement la frégate hisser une voile à l’avant et retrouver une trajectoire à travers les Bouches ou il la perdit de vue.

A 12 heures ce 15 février 1855, poussée par la tempête, La Sémillante qui remontait trop au nord, alla se fracasser sur l’îlot de l’Acciarino à une vitesse estimée à près de 12 nouds. Le choc fut terrible, la panique à bord indescriptible. Certains marins et soldats sont morts broyés sur le coup, d’autres ont été emportés par les flots déchaînés puis rejetés contre les rochers et fracassés, certains tentèrent de surnager mais ils furent vite submergés par les vagues gigantesques d’une mer en furie.

Le 18 février, les premiers cadavres, certains complètement déchiquetés, commencèrent à être ramenés sur les grèves par les courants. Ils ont tous été inhumés sur l’île, faute de moyens de transport, par une corvée de 50 soldats, détachés en renfort des marins. Le 20 février, le nombre de corps inhumés s’élevait déjà à 250. Les corps du capitaine Jugan et de l’aumônier ont pu être identifiés.

Il n’y eut aucun survivant sur les 700 hommes à bord de la Sémillante. 560 corps reposent aujourd’hui dans les deux cimetières de l’île. Les autres corps ne furent jamais retrouvés.

A noter qu’une pyramide a été érigée sur les lieux même du naufrage en 1856. Il s’agit d’un ouvrage en granit de 10 mètres de haut, posé sur un socle cubique également en granit. Sur les quatre faces du socle ont été scellées des plaques de marbre noir, remplacées en 1877 par des similaires en bronze. En 1856, les deux cimetières ont été entourés de murs en maçonnerie par les soins du Génie militaire. En même temps était construite la chapelle funéraire du Furcone. La tombe du commandant Jugan est recouverte d’une dalle tumulaire. Un crédit d’entretien est alloué chaque année aux autorités militaires afin que les morts de la Sémillante ne soient jamais oubliés.

La plaque sur le bâtiment des cimetières sur les îles Lavezzi indique : « À la mémoire des officiers des armées de terre et de mer qui ont trouvé la mort dans le naufrage de la Sémillante le 15 février 1855 vers midi. Leurs restes sont confondus ici avec ceux de leurs hommes unis dans le repos éternel comme ils l’étaient dans le devoir. Que leurs noms soient connus pour nous permettre d’honorer leur mémoire. »

Les restes de la Sémillantes dorment toujours, éparpillés au gré des tempêtes, au pied de l’îlot de l’Acciarino, par une latitude de 41° 20’ 195 N et une longitude de 09° 14’ 829 E.

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