Chaque jour, une épave : 14 mai 1941, le Turkia en mer Rouge, surnommé le “2e Thistlegorm”

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Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!

Le cargo à vapeur SS Turkia a été construit par les chantiers Earle’s Shipbuilding & Engineering Co à Hull en Angleterre en 1909, sous le nom de Livorno pour la compagnie Wilson Thos, Sons & Co de la même ville. Il mesurait 91 mètres de long sur 13 mètres de large et 5,4 mètres de tirant d’eau. Il jaugeait 1911 tonnes et était propulsé par une machine à vapeur à triple expansion sur une hélice, atteignant la vitesse de 9,5 nœuds.

À partir de 1910, le Livourne a été utilisé pour le transport de cargaisons diverses et a assuré la ligne entre Hull, Londres et la mer Adriatique. En 1911, était muté sur la ligne entre Hull, Constantinople, Novorossick et Odessa, ainsi qu’entre Saint-Pétersbourg et Cronstadt. En 1916 il a été employé sur la ligne Hull – Trieste.

Pendant la Première Guerre mondiale, il a aussi été utilisé pour les liaisons entre Manchester, Liverpool et Saint-Pétersbourg, Revel, Riga.

Le SS Livorno, futur Turkia

En 1917, le Livorno a été vendu à la compagnie anglaise Ellerman Wilson Line, toujours à Hull et a gardé le même nom. Après la guerre, le navire a été utilisé pour transporter des fruits et des denrées périssables et aussi du charbon. Toujours sur les lignes en direction de la Russie. Mais en 1920, en raison de la mauvaise économie russe, il y eut finalement une interdiction de commerce sur les navires non-russes et la compagnie Ellerman Wilson dut se réorganiser. En 1935, le Livorno fut vendu à la compagnie grècque Hellenic Coast Lines, du Pirée et prit alors le nom de SS Turkia.

Le dernier voyage du Turkia a commencé au départ de New York en mai 1941 pour se rendre au Pirée.

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Le Turkia transportait du matériel destiné à la logistique militaire, notamment des explosifs, des pneus, des rouleaux de fil métallique, des véhicules et des armes à feu. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le détroit de Gibraltar étant tenu par les forces allemandes, le Turkia devait emprunter la longue route contournant l’Afrique du Sud par le Cap de Bonne espérance, avant de remonter la côte orientale africaine jusqu’à l’entrée de la mer Rouge. Puis le cargo longea la côte égyptienne jusqu’au golfe de Suez, où le désastre s’est produit.

Le 14 mai 1941, un incendie a éclaté dans la troisième cale, où entre autres des explosifs avaient été stockés, qui ont provoqué le naufrage du Turkia. Le feu n’a pas pu être maîtrisé et 10 minutes plus tard, il y a eu une grosse explosion qui a scellé le destin du navire.

Deux rapports contradictoires ont été retrouvés dans les archives de la Lloyd’s. Le premier rapport évoquait un bombardement :

“Bombardé au niveau du phare de Zafarana, 2 miles SE le 14 mai 1941” – “Détruit par le feu et l’explosion près du phare de Zafarana dans le golfe de Suez, après avoir été abandonné par son équipage lors du passage de New York à Piraeus avec une cargaison générale et explosifs.”

Le deuxième rapport évoquait un incendie qui semblerait accidentel à la lecture des quelques lignes retrouvées sur le registre : “Un incendie dans cale 3 où les explosifs étaient entreposés, feu hors de contrôle donc le navire a été abandonné. 10 minutes plus tard, il y a eu une grande explosion et le navire a coulé dans 12 brasses. Rien n’a été fait pour sauvetage car aucune personne compétente n’était disponible à Port Saïd.”

Cela expliquerait pourquoi le Turkia n’est pas enregistré dans les pertes de guerre de la Lloyds mais seulement dans le registre général car cela ressemble plus à un accident qu’à une action ennemie. L’exploration en plongée montre que la coque semble être intacte. L’équipage quant à lui, a pu évacuer le navire sain et sauf.

L’épave du Turkia repose aujourd’hui sur un fond sableux de 24 mètres, aux coordonnées : latitude 29° 04’ 442 N et longitude 32° 40’ 558 E. La faible profondeur et l’absence de courant rendent cette plongée accessible à tous niveaux, dans une eau relativement claire et chaude. La visibilité est un peu moindre que dans d’autres endroits de la mer Rouge, car le golfe de Suez n’a que 60 mètres de profondeur maximale et étant une voie navigable très fréquentée, les hélices des bateaux géants ont tendance à soulever les sédiments. Mais la faible profondeur du site permet au soleil d’éclairer massivement l’épave et l’on peut apprécier les jeux de lumière projetés à l’intérieur par les différentes ouvertures.

En plus d’un grand nombre d’objets usuels divers et de matériel militaire (ce qui a donné au Turkia le surnom de « 2e Thistlegorm »), on peut rencontrer sur l’épave une faune et une flore particulièrement riches. Une plongée très agréable et facile, en-dehors des circuits de plongée habituels…

Lien vers vidéo Youtube de Martin Denison et Oliver Vorona / Lost at Sea :

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