Chaque jour, une épave : 19 avril 1983, Le Giannis D, l’une des épaves préférées des plongeurs

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Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!

Le Giannis D était un cargo jaugeant 2932 tonnes brutes, possédant deux cales à l’avant avec le pont et la salle des machines à la poupe. de 100 mètres de long sur 16 mètres de large et 6,5 mètres de tirant d’eau, il a été construit en 1969 par les chantiers japonais Kuryshima à Imabari, pour le compte de la compagnie Yamato Kisen, de Fuchu près de Tokyo. Il était motorisé d’un moteur diésel de 6 cylindres de 3000 cv sur une hélice, lui donnant une vitesse de 12 nœuds. Lors de son lancement, il a été baptisé Shoyo Maru, nom qu’il garda jusqu’en 1975, où il a été rebaptisé Markos (ce nom est à l’origine de la confusion fréquente qui est faite sur les noms des épaves qui peuplent le récif d’Abu Nuhas). En 1980, racheté par la compagnie grecque Dumarc Shipping, au Pirée, il prit le nom de Giannis D.

Le Giannis D

En avril 1983, le Giannis D était chargé d’une cargaison de bois résineux dans le port croate de Rijeka. Une partie de cette cargaison était destinée au port saoudien de Djeddah, et le reste devait être déchargé à Hodeidah, sur la côte du Yémen. Par ce beau matin de printemps, le capitaine du navire a ordonné de larguer les amarres et le pilote l’a guidé pour sortir du port jusque dans l’Adriatique avant de débarquer peu de temps après.

Le voyage sur les eaux de l’Adriatique et ensuite à travers la Méditerranée a été sans incident, la conduite du navire étant dans les mains de l’officier de quart. A l’arrivée à Port-Saïd, le Capitaine reprit la direction de son navire pour la traversée, toujours délicate, du canal de Suez.

Comme tous les autres pays, les autorités égyptiennes effectuent un certain nombre de contrôles de routine pour tout navire entrant dans leurs eaux territoriales. Bien que les événements aient été à peu près calmes depuis un certain temps, la guerre arabo-israélienne était toujours en cours, rendant la situation particulièrement tendue au Moyen-Orient. Naturellement, ces autorités devaient s’assurer que ni de la contrebande ni des armes n’étaient introduites clandestinement dans ou à travers leur pays par l’intermédiaire des cargos. Pour les navires respectueux des lois, comme le Giannis D, les nombreuses vérifications successives étaient aussi longues et fastidieuses qu’elles étaient nécessaires. Après avoir satisfait à toutes les exigences et à tous les contrôles, le Giannis D a finalement été autorisé à traverser le canal, en toute sécurité.

Une fois dans la baie de Suez, le Giannis D s’arrêta assez longtemps pour permettre au pilote de débarquer. Il y avait désormais l’une des routes maritimes les plus actives et les plus éprouvantes au monde à traverser, à cause de l’incroyable densité du trafic des navires empruntant cet itinéraire. Le Giannis D naviguait dans le cours supérieur du golfe de Suez, une longue étendue d’eau étroite et peu profonde bordée de petites îles et de nombreux récifs coralliens. Quelle que soit leur taille, au moins les îles étaient visibles mais les récifs coralliens sont beaucoup plus dangereux car invisibles juste sous la surface comme autant de dangers pour les bateaux.

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La poupe du Giannis D (Photo Y. Chocoloff)

Le capitaine du Giannis D connaissait bien ces eaux. Prudent, il vérifia chaque élément de la position des navires environnants et s’assura que ses ordres étaient bien compris avant de quitter le pont pour aller prendre un repos bien mérité dans sa cabine.

Le Giannis D approchait du détroit de Gubal et, alors que la côte du Sinaï commençait à s’éloigner à l’est et que le bateau longeait la partie continentale égyptienne suffisamment éloignée à l’ouest, le capitaine était convaincu que les passages les plus dangereux avaient été dépassés et il pouvait désormais se détendre.

La passerelle et les ponts supérieurs (Photo Y. Chocoloff)

Shab Abu Nuhas est un magnifique plateau de corail qui atteint à peine la surface et, de loin, n’est pas facilement visible, surtout par mer forte. Mais le récif se trouve au bord même de la voie maritime très fréquentée du détroit de Gubal, situé à l’extrême nord-ouest où la mer Rouge commence à rétrécir avant de devenir le golfe de Suez. Pour les bateaux en partance de Suez, Shab Abu Nuhas a toujours été le dernier obstacle entre eux et la mer Rouge.

Le portique-grue arrière

Le 19 avril 1983, avec encore 600 milles à parcourir avant d’atteindre Jeddah, le capitaine ayant rejoint sa cabine s’est rapidement endormi. Mais il ne fallut pas longtemps avant qu’il ne soit très rudement réveillé… Avec les moteurs réglés à pleine vitesse, le Giannis D s’était insensiblement éloigné de son cap et s’est dirigé vers le côté nord-ouest du récif d’Abu Nuhas Reef alors qu’il aurait dû passer beaucoup plus à l’est. Brusquement, un choc sourd ébranla tout le navire et celui-ci s’immobilisa dans un grand fracas, sa proue littéralement montée sur le récif.

La proue, contre le récif (Photo Y. Chocoloff)

Devant l’étendue des dégâts et au vu de la très grande déchirure qui ouvrait la coque du navire, le capitaine conclut rapidement à l’impossibilité de renflouer le Giannis D et donna l’ordre d’évacuation. Tous les marins furent recueillis sains et saufs par un remorqueur égyptien qui les déposa sur la plateforme pétrolière « Santa-Fé », d’où ils furent rapatriés par hélicoptère vers la ville côtière de Ras Shoke.

L’épave est colonisée (Photo Y. Chocoloff)

Abandonné, le Giannis D est resté planté sur le plateau pendant quelque temps, avant finalement de se casser en deux et de glisser au pied du récif, où il repose encore aujourd’hui, aux coordonnées : latitude 27° 34′ 617 N et longitude 33° 55′ 400 E. Mais il a entamé une seconde vie, puisqu’il est devenu l’un des sites incontournables de la plongée égyptienne, l’une des épaves de mer Rouges les plus visitées par les plongeurs du monde entier.

Le “Giannis D” se trouve maintenant en trois sections distinctes. La plupart des plongeurs ont tendance à se diriger droit vers l’arrière, la partie la plus profonde par 24 mètres, où ils trouvent une structure très spectaculaire. La poupe a l’air d’avoir été proprement coupée du reste du navire, couchée sur bâbord d’environ 45 degrés. Immédiatement au-dessus, des parties de la superstructure remontent à moins de 4 mètres de la surface.

Des jeux de lumière qui font le bonheur des photographes

Sur le côté tribord, le plongeur trouvera une échelle qui pend toujours sur le côté du navire. Elle a été utilisée par l’équipage quand ils ont abandonné le navire. Immédiatement en-dessous se trouve l’hélice qui est partiellement enterrée dans le sable. Juste en face de la grande poupe arrondie se trouvent l’escalier et les coursives du côté tribord qui offrent une vue très spectaculaire sur les ponts supérieurs et la cheminée.

Le moteur (Photo Y. Chocoloff)

L’accès à la salle des machines se fait facilement et offre un point de vue très intéressant pour ceux qui préfèrent s’aventurer à l’intérieur. Les jeux de lumière qui traversent les parois de l’épave, offrent des possibilités de photos extraordinaires. Le Giannis D représente une très belle plongée, accessible à tous niveaux et qui est appréciée par tous les plongeurs.

Lien vers la vidéo Youtube de Henrik Jonsson :

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