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Mais non, tu n’as pas l’air boudinée dans cette combinaison rose”… Mensonge! “Je vous assure que nous désinfectons les embouts entre chaque plongée”… Mensonge! “Ce stab est si résistant que nous le garantissons à vie”… Mensonge, mensonge, mensonge ! Et voici le pire de tous : “ Vous verrez, sous l’eau, on respire de la même façon qu’en surface “… Dans les briefings de baptêmes de plongée, on entend souvent cette dernière phrase dans la bouche des moniteurs, généralement dans un but de simplification fort compréhensible. Mais en quoi la respiration sous-marine est-elle si différente de la respiration terrestre ?

En plongée comme sur terre, on respire toujours de l’air ? C’est non pas dans ce que l’on respire, mais plutôt dans la façon dont on le respire, que réside toute la différence.

La respiration terrestre est généralement nasale, alors que la respiration sous-marine est uniquement buccale. Et çà, ça change tout. Même si tout le monde s’adapte très rapidement de façon consciente, l’automatisme est plus long à s’implanter et, à la moindre panique, le plongeur aura très vite la réaction d’arracher son détendeur et son masque pour remonter en surface y respirer “normalement”. Il suffit de voir le besoin qu’ont les débutants (et les autres) d’enlever leur masque dès qu’ils sont quelques secondes en surface, pour comprendre ce désir de retour à la respiration terrestre.

En plongée, non seulement le nez n’est pas utilisable, mais en plus il est souvent en contact avec un peu d’eau dans le masque. Seule exception à la règle, l’utilisation des masques faciaux qui permettent une respiration bucco-nasale, voire uniquement nasale.

Sous l’eau, la bouche reste constamment ouverte, maintenant le détendeur. Non seulement cela gène pour parler, fait saliver et dote le visage d’une singulière grimace, mais en plus cela ne correspond pas à nos habitudes terrestres où la bouche ne s’ouvre que pour respirer, parler, manger et… ronfler.

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La respiration sous-marine se veut lente et profonde. Afin de favoriser les échanges gazeux, il est essentiel que la quantité d’air inspirée et expirée “balaye” correctement les différents espaces morts naturels et artificiels qui ne participent pas aux échanges gazeux. C’est le cas notamment de la tuyauterie naturelle dont est doté le corps humain (trachée, bronches et bronchioles) mais aussi de celle plus accessoire dont se voit affublé le plongeur (détendeur, tuba, narguilé, etc.). Tout cela nécessite une ventilation plus profonde, mobilisant une plus grande quantité d’air.

De plus, la respiration sous-marine demande un effort supplémentaire lié à la simple mécanique du scaphandre autonome. Pour ouvrir le clapet du détendeur, même si les fabricants redoublent d’ingéniosité pour assister l’effort inspiratoire du plongeur, il faudra toujours plus d’effort que pour se servir de ses poumons à l’air libre.

Tout cela explique que les premières respirations sous-marines du plongeur débutant nécessitent un temps d’adaptation variable, et l’apprentissage de techniques qui risquent toujours d’être oubliées à la première panique et à la première tasse.

Tant que les automatismes ne seront pas acquis de manière durable, le plongeur lutte contre le stress et l’appréhension liés à un nouvel environnement. Ses mâchoires sont crispées par la peur de perdre l’embout et son nez est gêné par l’eau qui s’infiltre dans le masque.

A la moindre modification de ces paramètres, tout peut basculer dans l’horreur. L’influence de la respiration est présente en permanence en plongée, à tel point que certains moniteurs ont même basé tout l’apprentissage de la plongée sur la maîtrise de ce seul facteur.

Durant un effort

L’organisme a besoin d’un apport constant d’oxygène. En cas d’effort sous l’eau, les espaces morts étant plus importants qu’en surface, le risque d’essoufflement y est plus grand si la ventilation est superficielle et trop rapide. Le contrôle de la respiration est donc un facteur essentiel dans l’apprentissage de la plongée et des techniques de sécurité. Le moniteur en­seigne la ventilation profonde et l’accoutumance à l’effort, au moyen de parcours PMT ou capelés.

En profondeur

En surface, un individu moyen au repos consomme environ 20 litres d’air par minute. A -40 mètres, il en consomme 100. Et cela augmente en cas d’effort, de palmage contre le courant et de froid, sans oublier l’utilisation du direct system pour gonfler la bouée.

La respiration joue bien évidemment un rôle majeur dans la consommation et dans la planification de plongée. Inutile de prévoir un profil de plongée si la bouteille que l’on emporte ne peut stocker suffisamment d’air, sans oublier l’indispensable réserve prévue pour les coups durs.

Le moniteur pourra faire calculer leur consommation moyenne à des élèves, en restant à une profondeur constante pendant une durée déterminée et en notant le nombre de bar consommés. Un petit calcul donnera la valeur en l/mn en surface, pour un palmage modéré, par exemple.

En eau froide

Rien n’est plus subjectif que la notion d’eau froide. Habitué aux eaux chaudes des tropiques, un plongeur portera une combinaison si épaisse qu’un touriste, nouvellement arrivé et plongeant en T-Shirt, ne manquera pas de lui lancer : “T’es du genre frileux, toi !”.

Quelle que soit la température réelle, le corps humain perçoit la notion de froid comme une agression contre laquelle il faut se défendre. L’une de ses armes est l’augmentation de la respiration, une autre la naissance d’un état de stress.

C’est ce malaise qui peut générer un certain nombre de problèmes. Dans tous les cas, la respiration jouera un rôle déterminant afin d’empêcher que ce stress n’engendre une panique. Encore une fois, “ventilation lente et profonde” reste le mot d’ordre.

En statique et en déplacement

La respiration prend sa place également dans tout apprentissage de la plongée, dans l’acquisition de l’équilibre sous l’eau. En effet, les repères sont différents de la surface, en particulier à cause de la pseudo-apesanteur dont on y bénéficie, et de la répartition du matériel de plongée (une grosse bouteille dans le dos, une ceinture lestée autour de la taille, du Néoprène sur les jambes, etc…).

Tout cela fait que maintenir son équilibre sous l’eau n’est pas toujours chose facile. C’est là qu’intervient la respiration et l’incontournable poumon-ballast, technique élevée au rang de dogme mystique pour les débutants. En faisant varier son volume pulmonaire, on modifie sa flottabilité, pouvant ainsi à loisir se faire plus lourd ou plus léger. Autant dire que cela permet de corriger facilement et rapidement sa position sous l’eau, au prix d’un moindre effort. C’est véritablement, pour nombre de moniteurs, l’une des techniques qui différencie le bon plongeur de « l’innommable sous-batracien » que constitue le débutant. Cela fait donc l’objet d’une multitude d’exercices basés sur la stabilisation et le contrôle ventilatoire.

Dès le début de sa formation, le plongeur est confronté à une modification de ses habitudes terrestres, par le biais de l’incontournable dissociation bucco-nasale. Le vidage de masque sous l’eau lui évitant des allers et retours vers la surface, le plongeur apprend, contraint et forcé, à inspirer l’air de son détendeur par la bouche et à l’expulser par le nez, à la manière d’un fumeur de cigarette.

Mais il n’y a pas que la cigarette qui soit nocive pour la santé. Un mauvais contrôle de la respiration, un retour aux réflexes terrestres, et le plongeur bloque son expiration à la remontée. Et c’est, dans le pire des cas, la surpression pulmonaire. Dans le moins pire, l’accident de décompression. Il ne s’agit donc pas seulement pour le plongeur de passer des heures sous l’eau à respirer de l’air comprimé, mais plutôt de prendre conscience de la manière dont il le respire. Chaque inspiration et chaque expiration a une influence directe sur son organisme, sa saturation en azote, ses échanges gazeux, mais aussi sa flottabilité, son équilibre, son état de relaxation et son confort.

En somme, pour se faire plaisir sous l’eau, sans risquer sa peau, il faut apprendre à y respirer. Lentement et profondément.

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