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Par Vic Verlinden

Il y a des épaves avec une grande histoire qui ont leur place dans la catégorie “exceptionnelle”. Mais en dehors de cette catégorie se trouve encore une case spéciale où le Britannic trône seul tout en haut !

Le HMS Britannic devait, lors de sa construction, être nommé Gigantic mais ce nom fut changé après la catastrophe du Titanic. Le troisième navire de la série fut l’Olympic. Le Britannic fut commandé par la White Star Line en 1912 auprès du chantier naval de Harland & Wolff en Irlande. Il fut équipé d’une double coque afin d’éviter une catastrophe comme avec le Titanic. Les moteurs à turbine furent construits par Harland & Wolff et pouvaient développer 18.000 cv.

Lorsque la Première Guerre Mondiale éclata, le magnifique navire fut abrité à Belfast et peu après transformé en navire-hôpital.  Le navire est désormais attribué pour le transport de soldats blessés pour les ramener chez eux. Il est équipé pour le transport de 3.309 personnes. Le 23 décembre 1915 le Britannic part pour son ‘maiden  trip’ (voyage inaugural) vers Mudros. Lorsqu’il quitta Southampton le 12 novembre 1916 personne ne pouvait soupçonner  qu’il s’agirait de son dernier voyage. Sous le commandement du capitaine Charles Bartlett il accosta à Naples pour faire provision de charbon et de l’eau. A cause du mauvais temps il n’était pas possible de continuer le voyage pendant les deux jours suivants. Le 19 novembre ils pouvaient enfin lever l’ancre et mettre le cap vers la Grèce. Au matin du 21 novembre 1916 vers 8h00 le capitaine Bartlett donna l’ordre de changer le cap vers le canal de Kéa. A 8h12 il y eut une énorme explosion à hauteur de la proue et l’eau s’infiltra bientôt dans le navire.

Naufrage en moins d’une heure

Immédiatement après l’explosion le capitaine donna l’ordre de fermer les portes étanches. Cela ne fut possible que partiellement car les portes entre les chaudières 5 et 6 ne se fermèrent pas entièrement. Après à peine 15 minutes les hublots du pont E se trouvaient déjà sous eau. Il était bien dommage que plusieurs portes soient restées ouvertes afin d’aérer le navire et l’eau s’y introduit bientôt à flots. Le capitaine Bartlett essaya alors  d’échouer le navire à terre sur l’ile Kéa qui se trouvait tout près. Cela n’était cependant plus possible puisque le navire s’inclinait de plus en plus. Il fut donné l’ordre de quitter le navire et de préparer les canots de sauvetage. Deux de ces canots de sauvetage furent détruits par les hélices pendant cette manœuvre. Le capitaine Bartlett sauta tout simplement du pont dans l’eau et nagea vers le canot de sauvetage le plus près. Après 55 minutes le navire sombra au fond du chenal. 21 membres de l’équipage et 9 officiers trouvèrent la mort lors de cette catastrophe. Le Britannic fit naufrage à cause d’une mine qui avait été posée par l’U73 sous le commandement du commandant Gustav Sieb.

L’opération plongée

Cela dura plus de trois ans pour obtenir le permis de plonger vers le Britannic. C’est grâce aux efforts persévérants du chef de l’expédition Pim Van Der Horst que les papiers nécessaires furent obtenus et que nous avions la permission de plonger pendant  12 jours pour explorer l’épave.

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L’équipe de plongée se constituait de 12 plongeurs de 8 pays différents. Je fus le seul participant Belge à cette expédition sous la direction de Pim Van der Horst (DIR-REBREATHER). Etant donné que le bateau que nous avions loué n’était pas très spacieux il y avait lieu de le charger de façon aussi efficiente que possible. 12 recycleurs, 36 bouteilles de plongée et 8 scooters représentent un poids assez important. La ligne de descente vers l’épave était déjà placée par l’équipe de plongeurs de Kéa qui s’occupait également de la sécurité des plongeurs. Le temps était magnifique lorsque nous quittions le port de Kéa pour un trajet qui ne durerait qu’à peine 20 minutes. L’épave du Britannic se trouvait tout près mais le mauvais temps et de hautes vagues posaient un gros problème pour y plonger. Nous nous sommes trouvés bien vite au-dessus de l’épave et les premières équipes se préparaient pour la descente. Notre équipe serait la dernière à plonger avec un intervalle d’environ 45 minutes. Cela aiderait à ne pas avoir trop de plongeurs en même temps autour de la station de déco. Je me concentrai maintenant sur mon recycleur pour commencer ma plongée. Après un dernier contrôle j’étais prêt et me laissai glisser dans l’eau de la plate-forme arrière du bateau. Il y avait peu de courant et c’était facile de nager vers la bouée. Après environ 10 minutes mon buddy me rejoignit et nous pouvions entamer la descente.

Premier coup d’oeil sur l’épave

L’eau était claire comme le cristal et la descente fut sans problème, nous nagions en dépassant les autres groupes qui avaient déjà entrepris leur décompression. A une profondeur de 70 m je pouvais déjà apercevoir les ombres de l’épave et quelques instants plus tard j’atterris à tribord de l’épave, par 120 m de fond. Je rêvais déjà depuis des années de plonger vers cette épave et je pouvais enfin réaliser mon rêve. J’attendais patiemment que mon buddy Dennis Blom ait préparé sa caméra pour filmer et nageai un peu plus loin au-dessus de l’épave vers le bord. Ce que nous pouvions voir en premier lieu étaient les files de hublots et les bossoirs qui avaient servi à lancer les canots de sauvetage.

L’épave était joliment  couverte d’éponges de toutes les couleurs que l’on pouvait apercevoir sous la lumière des projecteurs de la caméra. La ligne de descente se trouvait environ au milieu de l’épave et nous nagions maintenant au-dessus des promenades dont les planchers étaient encore intacts. Au-dessus du pont nous aperçûmes les grands bossoirs qui étaient spécialement conçus pour mettre les canots de sauvetage à l’eau lorsque le navire donnait de la bande. Nos 20 minutes de fond furent vite passées et il était temps de remonter. Lors de la remontée je me retournai encore une dernière fois pour jeter un dernier coup d’œil sur cette énorme épave.

Les plongées suivantes

La deuxième plongée fut pareille à la première et il s’agissait plutôt d’une courte reconnaissance du pont supérieur. Nous aperçûmes les ventilateurs pour souffler l’air vers la chambre des machines ainsi que les treuils électriques pour commander les différentes grues. Le temps était toujours bon mais un jour de repos fut prévu quand même afin que nos corps puissent prendre un peu de repos aussi après plusieurs plongées qui duraient près de 3 heures chacune. Lors de la troisième plongée mon buddy et moi-même avions convenu de nager vers le pont pour le photographier. Comme nous plongions sans scooter nous ne pouvions pas tarder afin de pouvoir commencer la décompression dans un temps raisonnable. Après une dizaine de minutes nous atteignions les environs du pont et nous entamions immédiatement les prises de vue. Il s’agissait entre autres des télégraphes et des commandes mais également de la salle de bains (avec une baignoire en cuivre pour le capitaine). Cela nous donnait quand même un sentiment très spécial de nager autour de l’endroit où se trouvait le capitaine Bartlett lorsqu’il navigua pour la dernière fois avant que le navire ne coule au fond de la mer. Lors de la quatrième plongée nous fîment encore plus de photos des environs du pont où se trouvaient aussi les cabines de luxe. Lors de cette plongée il était évident également que certains hublots étaient encore présents dans les coursives. Au total je fis encore quatre plongées vers l’épave du Britannic. Ce fut un grand succès d’avoir pu mener cette expédition sans aucun incident.

Quant à moi, l’expédition de Dir-Rebreather Britannic fut l’une des plus belles de ma longue carrière de plongeur. Ce fut non seulement à cause de l’épave exceptionnelle mais également parce que nous étions une équipe qui pouvait collaborer pendant 8 jours sans aucun problème pour atteindre un même but. Ce qui était surtout spécial c’est qu’il y avait tout juste cent ans que le Britannic avait fait naufrage et que nous pu l’explorer lors de ces commémorations.

 

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