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Par Paul Poivert (MF2 – I CMAS*** – IT TDI/SDI – SSI PRO 5000) ; photos Yvan Chocoloff

Quels sont les secrets pour réussir un examen ? Que ce soit le niveau 1, 2, 3 ou 4, et même les niveaux d’encadrement, il existe des méthodes de travail ou de préparation afin de mettre toutes les chances de votre côté devant le jury. Nous avons défini les 12 points cruciaux sur lesquels vous devez placer tous vos efforts. Ces 12 points sont des principes de pédagogie générale et peuvent être appliqués à n’importe quel niveau de plongée.

Comment aborder la préparation à un examen de plongée ? Que ce soit pour passer le niveau 1 ou 4, ou encore un niveau d’encadrement, on a bien souvent le tort d’oublier qu’il s’agit avant tout d’acquérir une certaine expérience en plongée et que l’examen n’est là que pour vérifier l’expérience du plongeur ainsi que sa capacité à évoluer et réagir dans les circonstances qu’il pourrait être amené à rencontrer sous l’eau. Ce n’est pas un examen scolaire, ni une course au diplôme. Celui-ci n’a d’intérêt que si le plongeur est capable d’évoluer en sécurité dans le domaine défini par son niveau. En travaillant plus particulièrement certains points, non pas avec le diplôme en ligne de mire, mais dans le souci d’améliorer ses capacités, on ne peut que progresser, ce qui aura pour conséquence logique de passer l’examen sans aucune difficulté. La plongée, c’est avant tout une certaine logique qui n’a rien à voir avec le bachotage, car basée essentiellement sur l’expérience.

Les 12 points que nous soulevons ici sont des évidences. Mais comme toutes les évidences, ils sont souvent négligés, voire ignorés lors de la formation (c’est tellement évident qu’on a l’impression qu’il est inutile d’en parler, cela va de soi…) et pourtant ce sont ces points qui font la différence entre un bon et un mauvais plongeur, entre un plongeur qui évolue en parfaite harmonie avec le milieu et en sécurité, et celui qui ne comprend rien à ce qui se passe, qui préfère foncer et qui va droit aux ennuis…

Ne riez pas, on trouve ce genre d’individu même chez les plongeurs confirmés, vous savez, ceux qui savent tout, qui ont tout vu et tout fait et qui, une fois dans l’eau, commettent les pires imprudences… Cela vous rappelle quelqu’un de votre entourage ?

Les sensations

Le premier point et certainement le plus important, celui qui permet de ne pas plonger idiot: percevoir les sensations. Vous vous promenez, ou bien vous travaillez d’arrache-pied une technique de sécurité ? Pour comprendre ce qui se passe, essayez donc de percevoir les sensations produites par l’environnement ou vos mouvements sur votre corps, les variations de position, de volume…

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Ce point est crucial dans toutes les techniques, à tous niveaux. C’est en percevant les sensations dûes à la remontée (oreilles, micro-bulles…) que l’on peut gérer la vitesse, ou encore en ressentant l’augmentation du volume d’air dans les poumons que l’on peut éviter la surpression pulmonaire.

Comprendre les détails

Quand on travaille une technique précise, il ne suffit pas d’apprendre le geste. Il faut aussi comprendre pourquoi on saisit le coéquipier d’une façon et pas d’une autre, avec quelle main… Prenons l’exemple du vidage du tuba : on ne se contente pas de souffler dans l’embout ; on souffle brusquement en prononçant la syllabe “Te”. L’air libéré ainsi de la bouche du plongeur exerce une pression brusque plus importante sur le volume d’eau contenu dans le tuba et l’expulse de façon plus efficace.

Ce qui peut paraître du détail est, en plongée, très important et peut faire la différence.

Acquérir des automatismes

Comprendre les détails aide grandement à l’acquisition des automatismes. Il suffit ensuite d’y ajouter une bonne dose de pratique et de répétitions. Et c’est quand même plus agréable de répéter un mouvement quand on a bien compris à quoi il sert, plutôt que de multiplier des gestes sans raison et sans en comprendre le but. Les automatismes ainsi acquis permettront par la suite de se libérer des contraintes matérielles pour profiter pleinement de sa plongée. Comme un conducteur prend plus de plaisir à conduire à partir du moment où il est capable de penser à autre chose qu’à son embrayage, son passage de vitesse ou son volant. Le but de l’entraînement est aussi d’être capable d’oublier son palmage, la manipulation de son gilet ou son rythme respiratoire pour se consacrer à l’environnement… ou à l’assistance d’un coéquipier !

Fixer des buts

Quand vous préparez le passage d’un niveau comme quand vous apprenez une nouvelle technique, il est plus facile de se fixer un but à atteindre, doublé éventuellement de buts intermédiaires (des étapes) afin de pouvoir constater vos progrès. Le but n’est pas forcément l’épreuve de l’examen, cela peut être la bonne exécution d’un geste ou la maîtrise d’une situation donnée. Par exemple, dans le travail du palmage, on peut se fixer comme but d’être capable de remonter du fond un lest, en sécurité et sans être essoufflé, ce qui implique de travailler la technique de la sustentation, ainsi que le poumon-ballast, de ressentir la vitesse d’ascention et de la contrôler en se repérant par rapport aux bulles, etc…

Se situer dans la progression

Il est important de bien comprendre où l’on est dans la progression technique qui conduit au passage d’un niveau. Cela aide à comprendre pourquoi on étudie une technique avant (ou après) une autre, à quoi elle va nous servir dans le reste de la progression. Par exemple, il vaut mieux maîtriser le poumon- ballast et la stabilisation avant d’aborder les remontées assistées. Les techniques vues précédemment aident alors à comprendre ce qui va se passer dans la nouvelle technique, elle-même pouvant entrer dans l’application d’une autre, notamment dans les situations d’assistance. ce n’est que quand on maîtrise parfaitement son propre équipement que l’on peut se concentrer sur la gestion de celui d’un équipier en difficulté.

La relation entre la théorie et la pratique

Ce ne sont pas deux disciplines différentes, les lois physiques que vous avalez péniblement pendant les cours théoriques vont bien vous servir quand vous vous trouverez sous l’eau. Elles vont d’abord faciliter votre compréhension du milieu et des phénomènes qui s’y passent, et elles vont aussi vous aider à comprendre quels sont les effets sur vous et le comportement à adopter pour profiter de ces phénomènes, ou de les éviter selon les risques qui y sont liés. Les cours théoriques ne sont pas une corvée à expédier rapidement et à oublier tout aussi rapidement, ils doivent vous aider à progresser.

Posez-vous systématiquement la question, ou mieux, posez-la à votre moniteur : “ce que j’apprends là, à quoi ça sert sous l’eau ?” Vous verrez, la réponse est souvent très intéressante !

L’expérience du vécu

Dans tout apprentissage, ce qui permet de progresser le plus rapidement, c’est l’expérience. Encore faut-il pratiquer… Et oui, pour passer un niveau supérieur, il faut avoir acquis suffisamment d’expérience. Cela parait une évidence et pourtant dans les jurys d’examens, on est toujours surpris de voir des candidats afficher le strict minimum en nombre de plongée. C’est ainsi que l’on a vu par le passé des candidats au BEES 1 (brevet d’Etat) totalisant à peine une cinquantaine de plongées. Même si ces personnes sont très intelligentes et très fortes, en plongée c’est l’expérience qui prime. C’est seulement l’expérience qui permet d’acquérir les fameux automatismes dont on parlait plus haut. C’est aussi l’expérience qui permet d’appréhender les phénomènes qui se produisent sous l’eau et d’avoir la bonne réaction. On ne plonge pas avec un manuel sous le bras…

En examen, utiliser son propre matériel

Vous avez l’habitude de plonger avec votre propre équipement ? Alors passez votre examen avec. Vous contrôlez parfaitement les commandes, vous avez les automatismes pour saisir les purges ou l’inflateur de votre stab, vous connaissez bien les réactions aux sollicitations, vitesse de gonflage ou de purge (important pour gérer une remontée), le débit de votre détendeur, etc… Si vous changez d’équipement pour l’examen, vous risquez de perdre tous vos repères. On ne compte plus le nombre de candidats qui ont échoué à une épreuve de palmage parce qu’ils avaient acheté des palmes neuves (pas le même modèle que d’habitude, plutôt plus grandes, pour aller plus vite…) et que les muscles, pas habitués aux réactions de la voilure différente, n’ont pas pu donner leur efficacité maximale ou pire, des crampes sont apparues au beau milieu de l’épreuve.

Si vous utilisez un équipement prêté par votre club (ou un ami), veillez à faire toute la préparation à l’examen avec le même équipement afin de vous familiariser avec son comportement et ne pas avoir de mauvaise surprise le jour de l’examen !

Connaître l’équipement du binôme

Que ce soit un autre candidat ou un membre du jury, votre binôme pour l’épreuve que vous allez subir n’est pas forcément équipé comme vous. Si vous avez à pratiquer une assistance, il est important que vous connaissiez au préalable son équipement, de façon à ne pas commettre d’erreur lors de la manipulation. Nombreux sont les infortunés qui, lors d’une assistance, ont appuyé sur le bouton de gonflage du cobaye au lieu de celui de la purge… Vous imaginez le reste !

A fortiori avec l’évolution des équipements, l’apparition des inflateurs intégrés sur certains modèles de gilets a changé complètement la donne : sur ceux-là, plus question de chercher le tuyau annelé et le direct system, tout se passe au niveau de la ceinture avec des boutons que l’on voit mal… On devine alors l’importance de connaître ce “petit détail” avant la mise à l’eau !

Visualiser l’épreuve

Vous attendez votre tour pour l’épreuve suivante… Au lieu de vous morfondre, mettez-vous donc un peu à l’écart et visualisez l’épreuve. Le jeu consiste à vous voir en train de réaliser l’épreuve, à réviser mentalement chaque geste que vous allez faire et à vous voir faire ces gestes. Cela vous permet de vous remémorer les détails de la technique à effectuer, une dernière révision en quelque sorte, et aussi à vous conditionner positivement. Pour cela, il faut bien sûr vous visualiser en train de réussir l’exercice, cela va de soi. c’est une méthode d’auto-suggestion très efficace et préconisée par nombre de psychologues.

Prendre son temps

Que ce soit une épreuve d’examen ne change rien à l’exécution d’une technique. Inutile donc de paniquer, de se précipiter et de bâcler ! la plupart des assistances ratées sont dûes à la précipitation. Le candidat stressé a tellement peur de commettre une erreur ou d’oublier quelque chose qu’il se précipite. Résultat, dans la précipitation, il oublie forcément des détails (vous savez les fameux détails dont on parlait plus haut…), il ne fait plus confiance à ses sensations qui auraient dû lui indiquer s’il montait ou descendait, il contrarie ses automatismes (l’essoufflement du stress contrarie le poumon-ballast), finalement il ne contrôle plus sa vitesse de remontée et arrive en surface comme une fusée… Perdu !

Pratiquer

C’est aussi une évidence, mais que beaucoup oublient : il n’y a pas que les examens dans la plongée, il faut avant tout se forger une solide expérience. C’est cette expérience et cette pratique assidue qui vous sortiront des difficultés, et non pas un beau diplôme cartonné accroché à un mur ! Et plus vous pratiquerez, plus il vous sera facile de passer les examens…

1 COMMENTAIRE

  1. Premier secret: fuyez et changez d’organisme dès qu’on vous parle d’examen pour niveau 1 à 3… ça fait peur !! Préférez un organisme ou l’on parle de formation continue et d’évalutions, ça vous mettra moins la pression ! Vous serez encadrés par des formateurs, moniteurs et non par des jurys… Préférez la plongée loisir ou l’on se prend le temps plutôt que la plongée sportive ! Bien à vous :-

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