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Texte et photos Henri Eskenazi

Nosy Bé, « l’île aux parfums », est un cocktail explosif de tonus vitaminé et de séduction affirmée avec des plages immenses pour faire le plein de soleil. C’est un morceau de terre entouré de l’océan Indien, un petit coin d’Afrique à part qui fait rêver et donne envie de l’aimer de plus près.

C’est la poésie du voyage qui crépite, de baobabs en lémuriens, de plantations d’ylang-ylang en gousses de vanille, de cannelle en grains de poivre, de libertés en découvertes, d’échanges en rencontres multiples, fascinantes et riches de mille nuances. Couleur de menthe à l’eau ! Ainsi, avec lyrisme et poésie, je suis entraîné ici dans un délice d’impressions et d’images, à la fois simples et qui forcent le rêve. Par coup de chance ou coup du sort, je me laisse aller pour déguster ce doux moment : ne plus savoir quel jour on est. Et pourtant, le temps passe…

Aurores matinales à Bemoko

La mer est ensoleillante. Le moral, au beau fixe. Avec en plus des parfums d’épices qui aiguisent l’esprit. Dès les premières heures du jour, la mer prend soin de nous et enchante nos sens, à peine entrés dans l’eau. On sourit. On s’y sent bien. Coup de théâtre ici, qui bouscule nos habitudes tel un promeneur sur le sable jaune léché par les vagues. Les grandes marées perturbent le paysage avec un marnage de plus de trois mètres. Les roches noires volcaniques se découvrent, laissant apparaître les ondulations du fond sableux parmi lesquelles reste emprisonnée toute une faune minuscule. Les pirogues traditionnelles Sakalave à un seul balancier s’échouent, lasses d’avoir tant navigué même si, quelquefois, une voile carrée les aide à avancer. Les embarcations ici ont une âme secrète. Coup-franc dans le silence matinal. Celui que je recherche au fil des années. Cette quiétude, de plus en plus rare, qui filtre les pensées jusqu’à ne laisser que l’essentiel.

Réveils mouillés

Après un saut dans l’océan qui réveille le plaisir et ébranle les souvenirs, les poissons sont au rendez-vous avec les couleurs vives en prime. Le responsable du club nous apprend son pays d’adoption avec cet humour et cette nonchalance propres à l’insularité. Son sympathique associé vit à Madagascar depuis trente ans. Il aime son pays. Il aime la plongée et çà se voit. Coup de pinceau, comme celui de calligraphes de la mer aux émotions multiples, qui s’émeuvent du simple et du beau. Tous deux nous font partager leur passion avec enthousiasme doublé de beaucoup de professionnalisme. Ici, on ne porte pas les bouteilles et on nous rince le matériel : rien à dire ! Tout est fait pour se délecter des spectacles sous-marins. Juste en face, la pointe de l’île Sakatia et le lieu-dit « Olaf » recèlent mille petits trésors tels des nudibranches variés et colorés, des étoiles de mer-coussin, des langoustes, des crabes, des crevettes. Le chant de quelques baleines à bosse vient enchanter nos découvertes. L’émerveillement se lit dans nos masques : peut-être pourrons-nous les apercevoir ? Tout ce monde minuscule se révèle encore plus intéressant en plongée de nuit avec la lune et les étoiles comme témoins.

A « Manta Point », le tombant descend en pente douce jusqu’à cinquante mètres. Le sable est d’une blancheur immaculée. Il faut dire que la visibilité est particulièrement belle aujourd’hui. D’ailleurs, nous voyons arriver de loin, une superbe raie manta accompagnée de plusieurs rémoras. Curieusement, l’un d’eux se détache pour se rapprocher de mes palmes avant de retourner rapidement sous le ventre de son hôte. Plus loin, une grosse raie pastenague à la queue coupée par on ne sait quel prédateur, se tapit entre deux gorgones géantes. Un mérou et une murène de Java observent cette scène paisible.

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Sur le retour, notre route croise celle d’une dizaine de baleines à bosse Megaptera novaeangliae qui s’ébattent en surface : souffles, battements de l’eau avec leurs nageoires caudales, queues dressées, sauts, la totale ! Un spectacle plein d’émotion même si leur approche reste impossible. La nature n’est pas un zoo, on le sait et c’est aussi bien comme cela.

Sur le site de « Corail noir », nous nous laissons envoûter par le ballet des carangues qui chassent tout autour de nous alors que leurs proies tentent de se réfugier entre nos palmes. Cet amas corallien posé sur le sable à trente mètres au milieu de nulle part regroupe la plupart des espèces de la région. Les gorgones et les coraux servent de cachettes à une multitude de petits animaux. Une heure après la sortie de la première immersion et une dégustation de succulents beignets à la banane, nous testons «  New Point », plus propice à la macrophotographie sur un fond d’une quinzaine de mètres : éponges encroûtantes colorées, nudibranches, crabes et crevettes au menu.

Sur le «Tombant des gorgones», notre guide nous promet un bel hippocampe rouge qu’il découvre après dix minutes de plongée. Il nous avoue en fait que ce n’est pas celui qu’il s’attendait à découvrir : une bonne nouvelle , il en existe au moins deux sur ce site. Un banc de petits poissons-chats fouillant dans le sable me frôlent sans se soucier de moi. Un léger courant me permet, sans effort, de parcourir une grande distance en découvrant d’autres animaux intéressants qui évoluent à travers le plancton dense.

Détente à hôtel

Il est situé sur la plage de Bemoko ( à trente kilomètres de l’aéroport ) en face de l’île de Sakatia, l’île aux orchidées, posé au milieu de paysages exceptionnels. Le site architectural est typiquement malgache, avec bois de teck et palissandre, entouré d’un jardin exotique luxuriant et vue imprenable sur le soleil couchant. A coup sûr un superbe hôtel !

Ses piscines à débordement rehaussent cette dimension d’évasion. On vole ici au-dessus de l’eau. Les cocotiers nous dominent en ondulant leurs palmes sous le vent du nord : les siestes ont d’autant plus de valeur…

Le personnel attentionné n’est pas avare de sourires. Certains soirs, quelques chanteurs ou musiciens malgaches viennent nous offrir des mélopées comme un cadeau de leurs ancêtres. Alternance de joie simple et de mélancolie. Je bois alors un coup à leur santé et, coup par coup, je m’enivre de Madagascar. Dommage que la distillerie de rhum de Dzamandzar, la deuxième ville de Nosy Bé, dans un état pitoyable, s’éteigne peu à peu dans un amas de rouille.

Repas au restaurant et gastronomie locale

Intenses moments de complicité. Instants de simplicité qui émoustillent nos papilles. Saveurs et odeurs. Rires et sourires. Coup double au crépuscule, bien au-delà des songes. Tomber amoureux des étoiles qui ponctuent le ciel, en compagnie des anges… Peut-être ?

Copieux, délicieux, conviviaux, intimes sont les qualificatifs de nos mets partagés avec le staff du club de plongée. Le patron, le cuisinier et les serveurs sont sympathiques et accueillants, alors on y est bien : à deux pas de notre bateau… Crevettes flambées au pastis, barracuda grillé, filet de zébu aux anchois, slurp ! Tarte-coco (la meilleure d’Afrique!) et délice d’ananas en dessert. Un vrai régal.

Sur la plage, un pêcheur chante tandis que la lune, pleine, inonde l’océan de sa lumière. Le temps s’écoule ainsi, serein, loin des tourments des villes. Mais beaucoup plus près du ciel. C’est cela la magie de l’intemporel.

Le lendemain, avec Tsanga Tsanga Tour, nous faisons une très belle balade en quad jusqu’au Mont Pasot, le deuxième plus haut sommet de l’île. En trois heures, à travers les pistes poussiéreuses, nous approchons les superbes lacs Anjavibé, Amparihimirahavavy et Bemapala avec, au passage, quelques beaux spécimens de crocodiles, immobiles sur la berge. Du haut des trois cent vingt-neuf mètres, le spectacle au couchant est magique avec le ciel qui se teinte de multiples nuances de rose. De plus, en signe de bonne chance, j’aperçois le fameux «  rayon vert ».

Excursions sur les îles

Que la nature est séduisante quand elle n’est pas domptée par l’homme et non avilie ! Quand elle est cajolée sans violence. Aimée sans être possédée. Appréciée et respectée. Empruntée seulement. Partagée quelquefois. Ni saturée, ni submergée. Elle peut demeurée belle même si elle n’est plus vierge…

La réserve naturelle intégrale de Lokobé en est le parfait exemple. Elle est située au sud-est de l’île de Nosy Bé dans le Firaisampokontany de Hell-ville et d’Ambatozavavy ( 13°25’ latitude sud et 48°20’ longitude est ), avec une altitude comprise entre zéro et quatre cent trente mètres et une surface de sept cent quarante hectares. Ici, je deviens moins idiot que la veille (…). Notre guide nous montre le figuier « nid d’oiseau » qui pousse sur les rochers de granit ; l’arbuste Masonjoany servant à la réalisation des typiques masques de beauté qui protègent les femmes malgaches du soleil ; les fruits longs des palétuviers qui se laissent tomber à la verticale dans la vase pour donner naissance à d’autres arbres ; l’ananas sauvage, un dangereux poison mais qui a des vertus médicinales, comme également la vanille sauvage, non fécondée donc sans gousses et mortelle pour l’homme. On découvre le palmier du voyageur, le Ravinala, qui sert à la construction grâce à ses branches et à ses feuilles : il peut contenir jusqu’à deux litres d’eau douce. le fruit de l’arbre « stop pipi » qui, en cataplasme sur le ventre, soigne l’incontinence des enfants. Grâce à notre sympathique accompagnateur, on observe les minuscules grenouilles Mantelas betsiléo, au ventre bleu et endémiques de Madagascar. On photographie une grande femelle boa entrain de s’accoupler avec deux mâles, plus petits.

Nosy Komba ou Nosy Ambariovato, l’« île entourée de rochers », est la réserve des lémuriens Macaco lemur, joueurs et très friands de bananes. Les mâles sont noirs et les femelles bicolores, rousses et blanches. Leur fourrure est très douce et leurs gestes délicats. Plus tard, Anica, notre charmante hôtesse, nous montre les nappes brodées à trous, les « recelets » ou les «  sujets », avec des personnages. Elle nous explique, en souriant, les coupes de cheveux coco ou demi-coco !

Mais il faut voir aussi Nosy Tanikely, le parc national sous-marin ; Nosy Iranja, l’île aux tortues, deux îlots reliés par une langue de sable à marée basse contrastant avec une eau bleutée ; Nosy Mitsio, les quatorze petites îles pour la plupart inhabitées ; le tour de Nosy Bé en bateau pendant une journée ; ou encore, Nosy Sakatia, Nosy Faly, Nosy Fanihy… Coup de folie à la vue de ces horizons changeant au gré des heures qui défilent.

Puis au terme du voyage, le cœur léger et la peau brunie, je ferme mon sac. Une fois de plus, je tourne la dernière page d’un beau livre écrit à Nosy Bé, cette île magique, bercée par un océan de vie, qui me rapproche de mes rêves.

Avant de partir, je photographie à Hell-ville, la ville principale, un panneau publicitaire « La vache qui rit » que j’avais vu il y a maintenant trente années : il était déjà rouillé à l’époque… Nostalgie, quand tu nous tiens.

Beaucoup de plaisir en un seul voyage !

Renseignements utiles

SITUATION : Madagascar est une île continent, la quatrième du monde avec une superficie de 587 000 km2. Elle s’étend sur plus de 500km de large et 1 500km de long. La « Grande île » ou l’ « Ile rouge » est séparée de l’Afrique par le canal du Mozambique et possède près de 5 000km de côtes avec 3 000km de plages. Son altitude maximale, la montagne Tsaratanana située au nord, est de     2 876m. A Madagascar, le temps s’arrête, nulle part ailleurs la faune et la flore ne sont aussi exceptionnelles que sur cette grande île, à la croisée de l’Inde, de l’Afrique et de l’Asie. Tout autour de la grande terre, on trouve d’autres îles dont Nosy Bé au nord-ouest à 400km du Mozambique. Cette île montagneuse de presque 300km2 avec 40 000 habitants ( 20 ethnies différentes ) est embaumée par les nombreuses plantations d’ylang-ylang ( la fleur des fleurs , en malais ), de cannes à sucre et de frangipaniers. Ainsi, on la surnomme «  l’île aux parfums ». Le centre Mitsiky Plongée Madagascar est situé sur l’île de Nosy-Bé où le climat est tropical avec une température de l’océan quasi constante à 26°C. On y rencontre une faune et une flore d’une incroyable richesse : Nosy Bé est une véritable merveille posée sur l’océan Indien.

LES ACTIVITES : La baie d’Ampasindava, la baie des Russes, la pointe d’Ampoahana, Nosy Kissimany, Nosy Mamoko et sur Nosy Bé, le mont Pasot, la distillerie de Dzamandzar (à 3km), les plages du nord, le marché coloré d’Hellville (à 17km), les distilleries d’ylang-ylang, la découverte de la mangrove, les randonnées en quad ( Tsanga Tsanga tour ), à cheval ( Ambaro ranch ), la voile, le kayak, le VTT.

Formalités : Passeport en cours de validité et encore 6 mois après le retour. Visa délivré sur place ( 13 euros )

Santé : Pas de vaccin obligatoire. Traitement antipaludéen conseillé

Courant électrique : 220volts et prises françaises

Décalage horaire : T .U. + 1 ou 2 heures selon la saison

Meilleure saison : De mai à octobre

Capitale : Antananarivo ( ou Tananarive, en français )

Température : Air = 28 à 30°C ( Nosy Bé ) ; Eau = 25 à 27°C

Monnaie : l’Ariary ( 10 000Ar = 4 euros environ )

Langues : Malgache, Français

Pour s’y rendre : Vols « Air France » Paris-CDG/Tana ( 10 heures ) + « Air Madagascar » Tana/Nosy Bé ( 1 heure ) + transfert aéroport/hôtel ( 30mn )

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